Si les IA Génératives ont un impact immense sur le travail, elles peuvent en avoir tout autant sur l’apprentissage dans le quotidien de travail. Qu’il s’agisse d’acquérir des connaissances ou de développer des compétences, les salariés ont avec l’IA un outil très puissant entre leurs mains pour mieux apprendre en situation de travail. Ce qui peut leur permettre de progresser plus rapidement, à condition qu’ils en aient conscience et qu’ils utilisent les IA Génératives de la bonne manière.
C’est donc devenu un enjeu pour les fonctions RH qui cherchent à optimiser la dimension apprenante de leur entreprise.
Un regain de l’entreprise apprenante ?
Pour rappel, un organisation apprenante se définit ainsi selon Salima Benhamou :
« L’entreprise apprenante cherche à augmenter continuellement les capacités d’apprentissage de ses membres en vue d’innover et d’anticiper les transformations futures. Une entreprise apprenante se caractérise par des modes de management et des pratiques RH spécifiques qui visent à soutenir une forte culture de l’apprentissage à travers :
- la participation des salariés dans la définition des objectifs ;
- le travail en équipe ;
- l’autonomie des salariés dans leur travail.
L’entreprise apprenante offre donc aux salariés plus d’opportunités de développer leurs idées et de les expérimenter. Ceci afin qu’ils puissent trouver des solutions et résoudre des problèmes complexes par eux-mêmes. »
Plus globalement, une entreprise apprenante va chercher à établir des stratégies et pratiques pour apprendre au quotidien, et à rendre ces apprentissages accessibles à tous.
Ce qui change, depuis 2023, c’est que les IA Génératives apportent de nouvelles possibilités pour que les salariés apprennent de leur quotidien de travail. Et en prime, pour réussir sa transformation IA, rien de tel pour une entreprise que d’aider ses équipes à progresser en utilisant l’IA.
Voyons quelques pratiques transposables dans la plupart des entreprises.
L’IA comme coach : demandez des questions, pas des réponses
« Si j’avais une heure pour résoudre un problème, je passerais 55 minutes à réfléchir au problème et 5 minutes à réfléchir à des solutions. » Citation attribuée à Albert Einstein.
Face à un défi professionnel, le réflexe est généralement de demander à l’IA une solution toute faite. Cette utilisation de l’IA générative a rarement pour conséquence de faire progresser les salariés. À l’inverse, demander à l’IA générative les bonnes questions à se poser face à un défi professionnel sera bien plus riche pour faire réfléchir vos salariés par eux-mêmes. C’est une très bonne pratique à diffuser à vos équipes.
Par exemple, si un salarié a besoin de déployer un plan d’action pour mettre à jour la méthodologie de gestion de projet dans son entreprise, il a deux options. Soit il demande à l’IA :
- comment faire ce plan d’action (ce qui d’ailleurs nécessitera du travail pour obtenir un bon résultat) ;
- quelles sont les bonnes questions à se poser pour créer un tel plan d’action.
Pour aller plus loin, vous pouvez encourager vos salariés à avoir une longue discussion avec l’IA, au-delà des premières questions qu’elle suggérera. Un peu comme s’ils échangeaient dans la durée avec un coach. Et quand cela soulèvera des questions auxquelles ils n’ont pas les réponses, alors ils pourront demander des solutions à l’IA pour atteindre leur objectif initial.
- Cet article pourrait aussi vous intéresser : ChatGPT, quand les salariés l’utilisent en cachette.
L’IA comme challenger : réalisez vous-même la « V1 » et demandez des feedbacks
Ici, nous sommes dans une logique similaire, mais plus simple. Plutôt que d’avoir le réflexe de demander une première version de travail (V1) à l’IA générative face à une tâche à accomplir, incitez vos salariés à régulièrement faire eux-mêmes la V1 puis suggérez-leur de la soumettre à l’IA générative pour obtenir des feedbacks.
Pour un salarié, il y aura 2 situations :
- si c’est une tâche qu’il sait déjà faire, cela permet de consolider sa compétence et de l’ancrer dans la durée, et d’apprendre de l’IA pour faire mieux la prochaine fois ;
- si c’est une tâche qu’il ne sait pas faire, ça lui permet de se confronter à la pratique (et donc au développement des compétences associées à cette pratique).
Vous savez ce qu’on dit : « C’est en forgeant qu’on devient forgeron ». Dans les deux cas, faire sa propre V1 a l’avantage de faire réfléchir par soi-même. Sans être influencé par une première réponse toute faite, c’est aussi une bonne manière de stimuler la créativité des salariés.
L’IA comme assistant réflexif : l’exemple du prompt inversé
Cette méthode, développée par le cabinet Tomorrow Theory, permet d’inciter vos équipes non pas à faire le meilleur prompt possible, mais à demander à l’IA générative, au regard d’un besoin défini, de leur donner le prompt qui leur permettra d’obtenir le meilleur résultat possible.
7 étapes :
- Définissez le résultat que vous voulez obtenir
- Demandez à l’IA un prompt vous permettant d’obtenir ce résultat
- Testez le prompt pour voir le résultat obtenu
- Comparez le résultat obtenu avec celui que vous souhaitez obtenir
- Ajustez le prompt pour améliorer le résultat
- Répétez ces 2 dernières étapes jusqu’à ce que le résultat soit satisfaisant
- Analysez le résultat final et prenez du recul sur ce que cette méthode vous a appris
Une pratique alternative, un peu moins efficace, mais plus simple, consiste à inciter vos équipes à décrire à l’IA Générative le résultat qu’ils souhaitent obtenir, puis à lui demander de quelles informations elle a besoin pour les aider à obtenir ce résultat.
L’IA pour apprendre une langue, ou du code, et plus largement (presque) n’importe quelle compétence, via des ressources et activités très contextualisées
En parallèle des actions de formation traditionnelle, vous pouvez désormais inciter vos salariés à demander à l’IA générative d’agir comme un formateur, très pédagogue, et en lui donnant un cadre adapté pour développer une compétence.
En effet, les IA Génératives sont très performantes pour créer des ressources, des activités, évaluer un niveau, corriger des mises en pratique, etc. Et l’IA est d’autant plus efficace pour fournir un très haut niveau de personnalisation.
Par exemple, un salarié peut demander à l’IA Générative d’agir comme un formateur pour l’entraîner à mener une négociation en anglais, dans le cadre d’un parcours de formation alternant ressources et mises en situation. Il peut préciser que cette formation devra être contextualisée au secteur immobilier, pour un négociateur débutant qui a un niveau d’anglais plutôt moyen, avec une approche technique et humoristique du sujet.
Il est aussi possible de prendre des ressources et activités existantes pour les adapter et les contextualiser.
Si tous vos salariés n’auront pas forcément une appétence pour apprendre ainsi, juste en discutant avec une IA Générative, certains pourraient être très séduits par cette possibilité d’apprendre de manière personnalisée, quand ils en ont besoin, et à volonté.
D’autres usages apprenants de l’IA générative
Pour multiplier les possibilités de faire progresser vos équipes dans leur quotidien, voici quelques autres bonnes pratiques.
Explication de concepts par l’IA
Incitez vos équipes, face à des concepts complexes, à demander à l’IA générative de leur expliquer ces concepts avec beaucoup de pédagogie. Par exemple, en demandant à l’IA de leur expliquer la technologie Blockchain comme s’ils étaient une personne de 90 ans qui ne sait pas exactement ce qu’est internet, ou comme s’ils étaient une personne de 8 ans qui n’a encore jamais utilisé un ordinateur.
Apprentissage de nouveaux outils avec l’IA
Incitez vos équipes à utiliser l’IA Génératives pour apprendre à utiliser une fonctionnalité sur un outil digital. Plutôt que d’aller chercher des tutoriels, vous pouvez suggérer à vos salariés d’utiliser l’IA pour les aider à atteindre leur objectif dans l’utilisation d’un outil (plus l’outil est connu, mieux cela fonctionnera). Si l’on prend l’exemple des tableurs, il suffit de :
- décrire à l’IA le besoin, par exemple en lui demandant « à partir d’un tableau contenant tel type de données organisées de telle manière, comment faire un nuage de point ? »
ou
- d’ envoyer une capture d’écran et décrire son besoin (si l’IA Générative accepte l’import d’image), par exemple en lui demandant « à partir de cette capture d’écran [préalablement importée], comment faire un tableau croisé dynamique et quelle formule permettrait de ne tenir compte que de certaines données ? ».
Selon l’IA générative utilisée, il sera judicieux de préconiser à vos salariés d’anonymiser les données à importer.
En réalité, la liste est bien plus longue. Pour découvrir de nouvelles pratiques, il suffit souvent de regarder comment les salariés réagissent au quotidien face à une tâche à réaliser ou face à un défi professionnel, et de voir si l’IA pourrait les aider à surmonter ce défi tout en leur permettant d’apprendre de cette situation. Pour avoir des salariés qui savent mieux apprendre de leur quotidien de travail, et qui peuvent ainsi progresser plus efficacement.