Au travail, la gestion des risques est complexe car elle est à la fois, individuelle et collective. Cela implique de faire des choix de management, notamment sur des problématiques telles que le maintien dans l’emploi, la réinsertion ou encore la prise en charge du salarié. Il est donc essentiel d’anticiper. Comment construire une politique de prévention des usages de drogues, cohérente et surtout adaptée à la réalité de l’entreprise ? Suivez le guide
Au regard des résultats du Baromètre santé 2010 de l’INPES*(cf article du 18 janvier, « Alcool, cannabis, cocaïne,… et toi tu prends quoi au boulot ?), les experts s’accordent à le dire : la drogue doit désormais être considérée parmi les risques professionnels.
Car cet enjeu touche à la responsabilité des employeurs non seulement, en termes de santé des salariés mais aussi de prévention des consommations et des risques qui y sont corrélés. « Outre la protection de la santé des salariés, il y a aussi le risque inhérent à la question de la sécurité au travail.
Car les salariés qui consomment des substances psychoactives mettent en péril leur emploi (absentéisme) mais aussi la productivité de l’entreprise. La vie de l’organisation peut donc être fortement impactée si ces réalités ne sont pas prises en compte », indique François Beck, Responsable du Département « Enquêtes et analyse statistiques » à l’INPES.
Ce sujet engage donc la responsabilité de chacun des acteurs de l’entreprise et concerne plus particulièrement la fonction des services de santé au travail.
« Renforcer le rôle du médecin du travail est un des clés pour dépister plus tôt les addictions », indique Thanh Le Luong, Directrice générale de l’INPES. D’ailleurs, la Loi du 20 juillet 2011 sur l’organisation des services de santé au travail va dans ce sens en rendant désormais visible et incontournable le rôle des médecins du travail et de leurs équipes dans la prévention de la consommation de drogues et d’alcool sur les lieux de travail.
Un guide officiel des bonnes pratiques
Présenté le 16 janvier dernier, le guide « Repères pour une politique de prévention des risques liés à la consommation de drogues en milieu professionnel » a été élaboré par un comité associant les pouvoirs publics (MILDT**, DGT***), l’INRS et deux consultants privés en entreprise. « Il vise à élaborer une politique de prévention des risques liés à la consommation de drogues en fournissant des repères fiables.
Des réponses concrètes sont apportées sur les tests salivaires, les postes de sûreté et de sécurité ou encore les pouvoirs de sanction des employeurs », indique Jean-Denis Combrexelle, Directeur général du travail.
Grâce à cet outil, il est désormais possible pour l’entreprise de s’engager dans une démarche de prévention des risques liés à l’usage de stupéfiant afin de faire régresser le niveau de consommation, aider les personnes en souffrance et aussi diminuer le nombre d’accidents. « Privilégier l’action préventive, la réponse collective et non-stigmatisante à ce risque, semble être la meilleure alternative », affirme Jean-Denis Combrexelle.
Dans la continuité, la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail présentera en juin prochain un rapport visant à comparer cette situation dans les 27 pays de l’Union. Le Groupe Pompidou du Conseil de l’Europe, sous présidence française, proposera en mai 2012 un cadre d’intervention en milieu professionnel fondant les actions sur les principes de responsabilité, de transparence, de respect des libertés individuelles et collectives. Affaire à suivre donc…
Emilie Vidaud
*Institut national de prévention et d’éducation pour la santé
**Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie
***Direction générale du travail
Le guide « Repères pour une politique de prévention des risques liés à la consommation de drogues en milieu professionnel » est accessible sur les sites de la MILDT www.drogues.gouv.fr et de la DGT www.travailler-mieux.gouv.fr