Si l’évaluation participative puise ses racines dans les programmes de participation citoyenne apparus aux Etats-Unis dans les années 60, elle permet aujourd’hui aux entreprises de fédérer un nombre important d’acteurs impliqués de près ou de loin dans un projet, offrant aux dirigeants d’entreprise, aux formateurs et aux cadres un formidable outil de management et de gestion de projet. Qu’est-ce que l’évaluation participative et quels en sont les avantages ? Quelles sont les différentes formes d’évaluation participative ?
Les grandes lignes de l’évaluation participative
L’évaluation participative se définit comme une démarche consensuelle d’évaluation au cours de laquelle tous les acteurs impliqués dans un projet, les membres de l’équipe projet et les membres de la population concernée par ce dernier, interviennent au cours des différentes étapes de la démarche. Elle constitue une forme de partenariat entre les évaluateurs et les personnes concernées par l’évaluation. La participation, quant à elle, s’effectue à plusieurs degrés : elle peut faire intervenir l’ensemble des acteurs ou seulement un groupe plus restreint et n’entrer en ligne de compte qu’à certains moments plutôt que de manière continue.
L’évaluation participative impacte sur le sentiment d’efficacité du groupe et de chaque individu. Chacun prend conscience du fait qu’il va devoir surmonter les difficultés et se surpasser pour renforcer le sentiment d’efficacité du groupe dans sa globalité.
Les quatre formes d’évaluation participative
On distingue quatre formes d’évaluation participative : l’évaluation managériale, l’évaluation coproduite, l’évaluation pluraliste et l’évaluation émancipatrice.
L’évaluation managériale
Forme classique de l’évaluation participative, l’évaluation dite « managériale » prédomine en France depuis une trentaine d’années, même si la tendance est vers une forme négociée, plus consensuelle. L’évaluation managériale est aux mains des seuls dirigeants qui s’interdisent, pour garantir l’indépendance de l’évaluateur et la qualité de son jugement, d’associer d’autres acteurs que l’administration responsable du programme évalué. C’est donc le (ou les) dirigeant(s) qui contrôle(nt) l’intégralité du processus d’évaluation, de sa mise en place jusqu’à son analyse.
L’évaluation coproduite
Le contenu de l’évaluation est décidé par des dirigeants ou des responsables désignés. A la différence de l’évaluation managériale, les travaux d’évaluation sont effectués par des gestionnaires et des opérateurs. A l’instar de la forme classique d’évaluation, le jugement final, quant à lui, est produit par l’équipe d’évaluation.
L’évaluation pluraliste
L’évaluation pluraliste est une évaluation contextuelle. Elle intervient souvent dans le cadre d’un conflit dans lequel les parties prenantes n’ont pas le contrôle du processus qui, quant à lui, reste entre les mains de l’évaluateur chargé d’identifier des solutions. Les points de vue – souvent divergents – des parties prenantes sont utilisés en vue d’aboutir à des solutions.
L’évaluation émancipatrice
Celle que les anglo-saxons appellent « empowerment evaluation » constitue la cinquième génération, donc la plus récente, des évaluations et connaît, depuis quelques années, un regain d’intérêt. Son ultime objectif est l’émancipation des parties prenantes, en vue d’instaurer une justice sociale et de faire de l’évaluation une action démocratique.
L’évaluation émancipatrice opère ainsi un transfert de pouvoir qui n’appartient plus aux seuls dirigeants, ni à un nombre limité de personnes, mais à l’ensemble des acteurs, d’abord au niveau individuel, puis au niveau collectif.
L’évaluation participative présente, en théorie du moins, trois avantages. D’abord, la participation de plusieurs groupes concernés par un projet à son processus d’évaluation permet une meilleure qualité du jugement de valeur qui sera porté sur le projet en question, car l’évaluateur pourra accéder à une variété d’informations au travers d’échanges avec les participants et bénéficiera de multiples opinions. Ensuite, parce que la participation permet à chacun de s’investir davantage et d’acquérir des connaissances sur le projet auquel il participe. Enfin – et comme le prouve l’évaluation émancipatrice de cinquième génération – les bénéficiaires des évaluations sont amenés à prendre en main leurs problèmes eux-mêmes, en vue de les résoudre.
Marilyn Guillaume