On ne compte plus les articles sur la charge mentale, le stress, la dépression, le burn-out ou la crise de l’engagement. À force de se focaliser sur les sujets de souffrance au travail, certes très importants et d’actualité, on oublie de parler d’une qualité essentielle à l’épanouissement professionnel, j’ai nommé l’optimisme.
Parler d’optimisme par les temps qui courent peut sembler utopique, voire déplacé. On peut facilement penser : comment être optimiste avec ce qui se passe autour de nous ? Comment rester optimiste dans un monde qui va mal ? Pourtant vous en conviendrez, ce n’est pas en étant pessimiste qu’on va arranger les choses.
Les entreprises elles-mêmes ont besoin de collaborateurs optimistes, pourtant, l’optimisme est rarement considéré comme une valeur au sein des organisations.
Dans cet article, je vous propose donc de décortiquer l’optimisme et de voir comment le cultiver auprès d’une équipe.
Qu’est-ce que l’optimisme ?
Différence entre optimisme et pessimisme
L’expression « Voir le verre à moitié plein ou voir le verre à moitié vide » illustre bien la différence entre optimisme et pessimisme. En effet, nous voyons la même photo, pourtant nous ne voyons pas la même chose. Certains diront que le verre est à moitié vide, une façon de voir l’aspect négatif d’une situation, d’autres le verront à moitié plein, et verront l’aspect positif de la même situation.
Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté.
L’optimisme est donc une attitude mentale, qui repose sur la confiance :
- l’optimiste a confiance dans l’issue positive d’une situation, là où le pessimiste s’attend au pire ;
- l’optimiste pense que ses actes et ses capacités personnelles ont un effet sur une situation et peuvent l’aider à surmonter une difficulté, là où le pessimiste aura tendance à se sentir impuissant et à rester dans l’immobilisme.
Les caractéristiques des optimistes en 4 points
Les optimistes voient l’obstacle comme ponctuel, passager et temporaire, ça ne durera pas.
Les optimistes ne font pas de généralisation, ils considèrent que lorsqu’une situation est bloquée, elle l’est de manière isolée, ça se limite à un fait.
Les optimistes voient la difficulté comme réversible, ils considèrent qu’ils peuvent agir,
Les optimistes sont orientés solution : il ne s’agit pas de nier la réalité, mais d’aller de l’avant et d’envisager comment s’en sortir.
Une personne optimiste ne refuse pas de voir le côté négatif des choses, elle refuse de s’attarder dessus.
En résumé, l’optimiste voit la difficulté comme passagère, isolée, réversible grâce à l’action et la solution envisageable.
Partant de ces caractéristiques, l’optimisme induit 5 vertus majeures profitables aux organisations :
- confiance en l’avenir ;
- capacité à reconnaître que nos victoires sont liées à nos compétences et nos forces ;
- capacité à mobiliser nos ressources face aux problèmes rencontrés pour les dépasser ;
- tendance naturelle à relativiser les événements négatifs et à aller de l’avant ;
- capacité à prendre du recul et à trouver des solutions.
L’optimisme relève donc d’une certaine souplesse cognitive. On est donc loin de l’image souvent associée des gentils bisounours naïfs et candides qui voient la vie en rose. L’entreprise a donc tout intérêt à cultiver l’optimisme de ses collaborateurs pour 5 raisons :
- gagner en performance, notre rapport à l’optimisme a un lien avec notre performance ;
- favoriser le bien-être ;
- améliorer la santé mentale et diminuer le stress ;
- favoriser la créativité, générer des idées, trouver des solutions ;
- favoriser les relations constructives au travail, qui a envie de travailler dans une ambiance moisie avec des pessimistes qui ont des objections à tout ?
Comment cultiver l’optimisme ?
Culturellement, la France est un des pays les plus pessimistes au monde, alors comment cultiver l’optimisme ? Est-il possible d’inverser la tendance ?
Double bonne nouvelle.
- L’optimisme n’est pas une qualité innée qui touche une poignée de privilégiés, mais une soft skill, une compétence comportementale, relationnelle et sociale, que nous pouvons développer.
- Nous avons tous eu l’occasion de remonter le moral d’un ami ou d’un enfant en l’aidant à traverser une situation par notre soutien en lui prodiguant des paroles chaleureuses et encourageantes, c’est ce qu’on appelle l’optimisme méthodique. Donc, nous savons tous être optimistes et voir le verre à moitié plein le moment venu.
Préambule : défier le biais de négativité
Notre cerveau traite des milliers de pensées, positives et négatives, chaque jour. Il est important de savoir que certains mécanismes cérébraux agissent inconsciemment.
Connaissez-vous le biais de négativité ? Ce biais cognitif qui nous pousse à voir davantage les problèmes que les solutions, nos manquements que nos réussites, nos défauts que nos qualités…
Difficile de lutter, car comme tout biais cognitif, il agit malgré nous. C’est ainsi :
- les événements négatifs prennent plus de place dans notre cerveau que les positifs ;
- les émotions négatives pèsent plus lourd que les positives ;
- les pensées négatives s’impriment davantage.
Je continue ?
Donc pas de secret, il faut s’en-traî-ner à court-circuiter ce raccourci mental. C’est la raison pour laquelle on dit que l’optimisme est de volonté et qu’il demande une gymnastique de l’esprit dans la vie personnelle comme professionnelle.
Les 5 principes pour cultiver l’optimisme au travail
Se concentrer en priorité sur les points forts au lieu de vouloir corriger les faiblesses
Passer son temps à regarder ce qui ne va pas, ce qui ne fonctionne pas, là où nous sommes mauvais, c’est comme dire au cerveau que toute action est inutile. C’est ce qu’on appelle l’Impuissance apprise. Cela se traduit par des phrases qui débutent par « de toute façon ».
De toute façon, ça ne sert à rien.
De toute façon, je sais déjà ce qu’il va répondre.
De toute façon, on a déjà essayé.
De toute façon, ça ne marchera pas, etc.
Vous voyez l’idée. Au contraire, il est important de se concentrer sur nos points forts pour les amplifier.
Favoriser la résolution de problèmes et parier sur les possibilités d’amélioration
Sollicitez l’avis des équipes. Encouragez-les à donner leurs idées et rassurez-les sur le non-jugement. De l’acceptation naît la créativité.
Quelles sont les idées, les solutions, les possibilités qui s’offrent à nous ?
Confrontez vos équipes aux difficultés, ouvrez le dialogue, stimulez leur créativité pour qu’ils cherchent des solutions. C’est une excellente manière de les impliquer et de les inviter à l’action plutôt qu’au constat, à la passivité ou à l’immobilisme.
En effet, la principale différence entre un optimiste et un pessimiste c’est l’envie d’agir.
Plus nous avons le sentiment d’agir et d’influencer les choses, plus notre moral est bon. À l’inverse, le sentiment d’impuissance favorise le désengagement, la personne pensant en elle-même « À quoi bon donner mon avis ».
Tirer profit des forces de chacun
On parle souvent des compétences et des qualités, mais connaissez-vous les forces de vos collaborateurs ? Eux-mêmes, font-ils la différence entre force et compétence apprise ?
Selon une enquête du Corporate Leadsership Council, une entreprise qui valorise les forces de ses collaborateurs et cherche à les amplifier, augmente de 36 % sa performance.
Confiez donc à chacun des tâches qu’il aime, pour lesquelles il est doué, c’est un plaisir pour lui. Il gagnera en confiance et en sentiment d’auto-efficacité.
Nous sommes formidablement efficaces et motivés lorsque nous utilisons nos forces au travail. À l’inverse, nous sommes lents, désengagés et besogneux quand on nous oblige à faire ce que nous n’aimons pas. N’utilisez pas les gens à contre-emploi. Répartissez-les tâches en faisant en sorte que chacun utilise au maximum ses forces au travail.
Modéliser les succès et leur donner du sens
Nous passons du temps à analyser nos échecs, mais analyser nos succès et identifier les clés de ce succès est essentiel pour gagner en optimisme. Si vous réussissez en pensant que vous n’y êtes pour rien, c’est de la chance, alors que si vous mesurez ce qui vous y a mené c’est ainsi que vous bâtissez la confiance.
L’optimisme et le pessimisme reposent sur des modes de pensée différents, étroitement liés à l’estime de soi.
- L’optimiste verra les événements positifs comme le fruit de ses actions : estime de soi augmentée.
- Le pessimiste tiendra le raisonnement inverse et verra les événements négatifs comme le fruit de ses actions et les positifs liés au hasard : estime de soi diminuée.
Quand un événement positif se produit, il est important de prendre le temps d’en analyser les causes et de mesurer la part de son action dans la réussite globale. C’est aussi une manière de repérer les forces (parfois nous faisons les choses d’une certaine manière, sans nous en rendre compte tant cela est naturel, pourtant ce sont ces traits de personnalité qui nous permettent d’exceller).
Apprendre à analyser nos échecs
Quand un événement négatif se produit, il est important de penser aux éléments qui ont pu y contribuer et sur lesquels il sera possible d’agir à l’avenir : manque de préparation, mauvaise répartition des tâches, charge de travail trop importante et difficile à absorber, absence, problème personnel, etc. Il est important de repérer les éléments sur lesquels nous pourrons agir à l’avenir et ceux qui sont extérieurs à notre organisation.
Enfin, il ne faut pas oublier que l’échec est un événement isolé et temporaire, si nous avons échoué à tel endroit, nous n’avons pas été mauvais en tout. Il est important de rappeler là où nous sommes bons !
Analyser les causes des échecs pour identifier les difficultés rencontrées est une manière de faire grandir une équipe et n’oublions pas qu’avoir le sentiment de progresser nous tire vers le haut.
Aucune réussite n’est facile ou linéaire, c’est une succession de succès et de difficultés, dans laquelle nous cheminons.
Quelques idées pour entraîner l’optimisme auprès de son équipe
Cultiver le sentiment d’efficacité personnelle
Les retours positifs, les encouragements, les marques de reconnaissance augmentent le sentiment d’efficacité personnelle. Aidez vos collaborateurs à prendre conscience de l’influence sur le succès rencontré grâce à la mobilisation de leur force.
Verbalisez votre reconnaissance et on ne parle pas toujours de prime, mais de reconnaître le travail, les efforts, l’investissement, la cohésion dont l’équipe a fait preuve, les délais qui ont été respectés, mais si les résultats ne sont pas ceux attendus.
Animer positivement vos réunions
Trop souvent lors de réunion d’équipe, on se focalise sur les problèmes, les délais, les retards, les réclamations, les tâches non réalisées, les objectifs pas encore atteints, etc.
Et si à l’inverse vous releviez les premiers succès, les défis relevés, les satisfactions individuelles et collectives, les qualités qui ont permis d’avancer, les valeurs qui vous portent pour continuer.
Défier le biais de négativité
Entraînez vos équipes à ruminer… le positif ! Commencez vos réunions, par un tour de table des bonnes nouvelles pour mettre les équipes en bonne prédisposition en demandant ce qui va bien (satisfaction du jour, fierté de la semaine, reconnaissance à quelqu’un).
Visualiser la réussite et rendre le futur désirable
Penser à un avenir positif n’est pas intuitif pour tous. Encouragez vos équipes à imaginer l’avenir dans son aspect positif et invitez-les à répondre à une question :
- Nous sommes en 2024, nous avons réussi à…. Comment nous y sommes-nous pris ?
- Nous sommes en 2024, la QVCT ressemble à quoi dans notre entreprise ?
- Vous pouvez aussi faire rédiger à l’équipe ensemble 3 ou 4 phrases « à l’avenir, nous allons… »
Conclure sur une note positive
Dépendant de notre attitude, nous développons des comportements. Force est de constater qu’une attitude mentale positive influe positivement sur nos actions et nos relations. L’optimisme se révèle donc être un puissant levier de motivation et d’engagement.
Si l’on est toujours en train de parler du pire ou d’envisager le pire, comment le meilleur peut-il se produire ? L’optimisme des collaborateurs est non seulement un indicateur de leur santé mentale, mais aussi un catalyseur de performance.
L’optimisme général d’une entreprise est le reflet de l’optimisme individuel, l’entreprise a donc tout intérêt à cultiver l’optimisme pour que chacun devienne une personne graine.
Certes, on ne peut pas positiver à tout, mais on peut s’entraîner à donner plus de place aux choses positives. En donnant plus de place au positif, chacun agit sur son bien-être et sa relation aux autres.