Vous connaissez évidemment les MBA mais peut-être n’avez vous jamais entendu parlé des DBA. Les Doctorate of Business Administration sont des diplômes de haut niveau permettant aux cadres de se lancer dans la recherche tout en continuant à travailler. Zoom sur ces Executive DBA.
Un DBA, c’est quoi le principe ?
Celui d’un doctorat professionnel donc pas à temps complet contrairement à un doctorat plus classique. L’idée est de mener à bien un travail de recherche en gestion tout en continuant à travailler. « En MBA, on apprend aux cadres un certain nombre de recettes pour résoudre des études de cas. En DBA, on leur apprend à déconstruire ces recettes et à devenir chefs eux-mêmes et donc à proposer de nouvelles recettes », détaille Valérie Sabatier, directrice adjointe de la Doctoral School de Grenoble Ecole de Management, l’école pionnière des DBA en 1993. Depuis d’autres grandes écoles lui ont emboité le pas et une seule université, Paris Dauphine.
Un DBA, c’est pour qui ?
Le prérequis de base pour accéder à un DBA est d’être titulaire d’une master 2 en gestion ou d’un MBA. Dans les faits, les hommes sont sur représentés dans ces programmes. Et pour cause. « Un DBA se débute vers 45 ans. Un âge où les femmes doivent encore gérer de front leur carrière professionnelle et la logistique de la vie familiale. Donc vraiment pas le temps de se lancer dans la recherche », déplore Valérie Sabatier. Ce programme, qui dure en moyenne 4 ans, touche pour l’instant essentiellement des top dirigeants, des middle managers (industrie pétrolière, agroalimentaire, pharmaceutique), des consultants et des professeurs d’universités françaises. Leurs motivations sont diverses. « Certains ont envie d’approfondir un sujet et devenir ainsi l’expert incontournable », observe Jean-François Chanlat, professeur à l’université Paris Dauphine et directeur du programme EMBA avec l’université ESG UQAM. D’autres encore aspirent à une reconversion professionnelle, à casser la routine ou cherchent à gagner en crédibilité. « C’est par exemple le cas des consultants ou des coachs, qui, s’ils possèdent le titre de docteur, sont davantage crédibles auprès de leurs clients et peuvent facturer plus cher leur prestation », souligne Valérie Sabatier.
Un DBA, en pratique ?
En France, les Executive DBA fonctionnent à peu près tous sur le même modèle. Environ 150 heures de cours de méthodologie de recherche, plus des échanges réguliers avec le directeur de thèse et l’équipe d’enseignements chercheurs, et le reste du temps est consacré à la collecte de données, à l’analyse et à la rédaction de la thèse. « Les doctorants sont assez peu nombreux à n’utiliser que leur propre entreprise comme terrain de recherche. Souvent ils élargissent leurs investigations à d’autres entreprises ou d’autres secteurs d’activité », observe la directrice adjointe de la Doctoral School de GEM. Le volume d’heures de cours est faible mais ce qui compte est de tenir sur le long terme et donc de produire un travail régulier. Environ, une heure de travail personnel quotidien et une demi journée le week-end.
Un DBA, combien ça coûte ?
Tout dépend des établissements, mais la France semble se situer dans la fourchette haute en Europe. En tout cas, les tarifs avoisinent ceux d’un Executive MBA. GEM facture par exemple 45 000 euros. « Aux USA, le tarif moyen d’un DBA dépasse les 110 000 dollars », compare-t-elle. Les entreprises, comme Nestlé ou encore Caterpillar, qui font des DBA un élément à part entière de leur politique de gestion de carrière, financent tout ou partie de ces programmes. « Pour convaincre un employeur de financer ces formations, il faut faire jouer l’expertise à venir ou le valoriser comme un outil de fidélisation », conseille Valérie Sabatier. Plus couramment, les doctorants doivent mettre la main au porte monnaie.
Un DBA, un booster de carrière ?
Contrairement aux MBA, on n’observe pas de gap financier une fois le DBA en poche. « Il ne faut pas en attendre un retour financier sur investissement. C’est avant tout une satisfaction personnelle qui permet de prendre de la hauteur sur son travail et qui peut conduire à une reconversion professionnelle dans le consulting, l’enseignement ou comme beaucoup, comme consultant- chercheur », conclut-elle.
Sylvie Laidet