Pendant de ce deuxième confinement où les consignes de télétravail seront restées prioritaires, les RH et managers ont dû revoir les mesures favorisant le bien-être en entreprise des parents salariés. Malgré l’ouverture des écoles, collèges et lycées restent, les rythmes de travail ont continué d’être bousculés par des conditions de scolarisation inégales, sujettes à des mouvements sociaux et à de nouvelles préconisations sanitaires depuis la rentrée de la Toussaint. Les parents salariés restent confrontés à l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, un enjeu qui revient alors sur la liste des priorités des RH et des employeurs en cette fin d’année.
L’arrêt de travail pour garde d’enfants
Pour rappel, pendant le confinement et hors vacances scolaires, s’ils ne peuvent télétravailler, les parents salariés d’entreprises privées peuvent prétendre à l’activité partielle avec une indemnité à hauteur de 70% du salaire brut lorsque leur enfant doit rester à la maison. Mis en place lors du premier confinement, ce dispositif remboursé par l’État bénéficiait des mêmes conditions que les autres cas de chômage partiel. Depuis le 1er novembre 2020, l’allocation versée est passée à 60% du salaire brut. Concernant la question de la rémunération dans la fonction RH, myRHline a mené l’enquête ici « salaire RH« .
Pour rappel, l’enfant en question doit avoir moins de 16 ans, avec une exception d’âge pour les enfants handicapés et les circonstances permettant d’accéder à l’activité partielle sont les suivantes :
- La fermeture de l’établissement scolaire,
- l’enfant désigné cas contact avec une personne porteuse de la Covid19.
Le dispositif est accessible à un seul parent par foyer sous présentation de justificatifs de la fermeture de l’école ou d’un document de l’Assurance Maladie confirmant le statut de cas contact et d’une attestation sur l’honneur.
Les parents salariés en télétravail bénéficient-ils d’un meilleur équilibre vie pro – vie perso ?
Oui et non. D’une part, si les parents salariés en présentiel peuvent faire appel au dispositif d’activité partielle lorsque leur enfant est contraint de rester à la maison, ceci exclut tous les parents salariés en télétravail confrontés aux mêmes circonstances personnelles. Ce qui implique que le télétravail suffirait pour établir un équilibre vie pro vie perso. Or comme il a été question durant cette année, les télétravailleurs ont tendance à travailler plus et avoir du mal à décrocher hors heures de travail.
D’autre part, pendant ce second confinement, le maintien des emplois à domicile, en particulier de l’aide à la garde d’enfants, a été décrété par l’État. Le travailleur à domicile peut cependant s’absenter s’il ou elle est un cas contact ou reçoit un résultat d’examen positif à la Covid19. Lors de second confinement, le travailleur à domicile peut aussi exercer son “droit de retrait” pour rompre le contrat de travail, il perd alors sa rémunération. Le chômage partiel pour les salariés à domicile n’a pas été d’actualité en cette période.
Adrien Pinson, co-fondateur de Yescapa, témoigne de ce qui a changé pour les parents : “La différence est moins importante en ce second confinement, en raison principalement de l’ouverture des écoles et crèches. Cela rend le télétravail plus facile, en l’absence des enfants. Néanmoins, ce confinement ajoute des contraintes horaires ou de déplacements qui contraignent les emplois du temps. Nous avons quelques cas plus compliqués de parents dont les enfants sont gardés à domicile, les conditions de télétravail sont donc plus difficiles.”
Une scolarité en dents de scie qui impacte le rythme de travail
Même si l’ouverture des crèches, écoles, collèges et lycées facilite la vie des parents salariés, ils sont aussi confrontés au manque de sécurisation sanitaire des établissements scolaires. Ces dernières semaines ont vu la médiatisation du mouvement de dénonciation en ligne #BalanceTonProtocole qui a regroupé parents, enseignants et élèves. En effet, le risque de contagion est réel lorsque les élèves passent six heures par jour dans des classes, assis à moins d’un mètre les uns des autres, et où les conditions d’hygiène laissent à désirer.
Les parents salariés auront certainement à composer avec des conditions moins favorables à l’équilibre vie pro vie perso en cette fin d’année. Depuis la rentrée des vacances de la Toussaint, le ministère de l’Éducation nationale a établi de nouvelles préconisations de renfort des règles sanitaires en ouvrant la possibilité aux cours à distance, tant que 50% d’enseignement en présentiel soit conservé. Enfin, la grève du 10 novembre est venue chambouler cette rentrée de La Toussaint. D’autres perturbations sont à prévoir, dont un préavis de grève des écoles lyonnaises déposé par la CGT pour le 26 novembre.
Que font les entreprises pour les parents salariés ?
Dans ce contexte, les parents salariés tentent de concilier leur inquiétude pour la santé de leurs enfants et leur rythme de travail. Certains employeurs comme l’entreprise Doctolib ont choisi de s’adapter en allant plus loin que les mesures réglementaires du gouvernement. L’entreprise a mis en place un congé second parent, accessible à tous les parents salariés sans conditions d’ancienneté pendant un mois.
Face à ces situations imprévisibles, une attitude compréhensive ancrée dans la confiance peut suffire pour alléger le stress des parents salariés. « En tant que maman salariée, la confiance et la flexibilité offertes par l’entreprise comme conditions de travail quotidiennes sont clairement des clés pour gérer sereinement l’équilibre entre vie pro et perso. Par exemple, dans mon cas, la crèche de ma fille a fermé pour cas covid. La direction a bien compris la situation et ne m’a mis aucune pression,” explique Valentine Houchot, Directrice communication et marketing de Yescapa.
En effet, l’entreprise a rapidement engagé des mesures pour faciliter la vie des parents salariés dont la flexibilité sur les horaires pour concilier vie de famille et vie de bureau à la maison. Car un rythme scolaire en dents de scie impacte immédiatement la journée des parents salariés en télétravail. Pour faire face à ces situations, Adrien Pinson précise que des aménagements restent possibles. “Il y a également la possibilité de se rendre au bureau quand cela est nécessaire pour certains parents salariés,” précise-t-il.
Les managers également en besoin d’accompagnement
Dans un contexte où les changements de situation requièrent une prise de décision rapide, la parentalité en entreprise concerne les RH ainsi que les managers. Il est donc crucial d’équiper ces derniers d’informations et d’outils qui les aideront à mieux répondre aux besoins des parents salariés. Cela peut s’intégrer par un dialogue régulier entre les managers qui comptent des parents parmi leurs équipes et les RH. Une attention particulière est recommandée envers les jeunes parents qui peinent à trouver leurs repères face à tant de nouveautés. Mieux informés sur les conditions que l’employeur est prêt à mettre en place, que ce soit sur le mode présentiel ou en télétravail, les managers peuvent ainsi agir avec efficacité pour soulager la charge mentale des parents salariés.
Mai TREBUIL