Le climat social a rarement été aussi tendu au sein des entreprises françaises. La pression accrue sur les collaborateurs pour améliorer la performance dans un contexte de crise, l’émergence du stress, l’inquiétude, la déception, la démotivation mènent à un désinvestissement croissant au travail et font partis des nombreux symptômes traduisant une dégradation du lien social dans l’entreprise. Début 2012, Jean-Marie Peretti, professeur et chercheur en ressources humaines, tirait la sonnette d’alarme et invitait les organisations à réagir. Il semble pourtant que la plupart des entreprises peinent à trouver un remède à la palette de symptômes qui pourrait à moyen terme mettre à mal leur niveau de performances. Eclairage
Début janvier, le sondage « Observatoire Social de l’Entreprise » publié par l'IPSOS confirmait la tendance à la dégradation du climat social. Parmi plus de 400 chefs d’entreprise interrogés, 77% jugent que le climat social dans leur entreprise est bon. C’est 5 points de moins par rapport à mars 2010 et 14 points par rapport à août 2009. Quant aux salariés, ils sont 61% à affirmer que le climat social est bon dans leur entreprise.
Rien d’inquiétant à l’horizon alors ? Pourtant, près d’un salarié sur deux déclare que si un mouvement social se développait au sein de son entreprise, il aurait envie d’y participer. Comparé aux résultats de l'enquête de mars 2010,
il semble en effet que l'optimisme des salariés baisse et ce, quel que soit le critère retenu : « le maintien de l'emploi dans votre entreprise » (- 3 points), « le niveau de stress des salariés » (- 1 point), « le développement économique de votre secteur d'activité » (- 6 points) ou « la capacité à embaucher de votre entreprise » (- 2 points).
Et c’est sans compter la monter en puissance du phénomène de stress comme le confirme l’Etude sur le Stress au Travail publiée en février dernier et réalisée en partenariat avec TNS SOFRES. Cette dernière révèle notamment que près d’un tiers des salariés interrogés souffre de stress, d’épuisement psychologique et de perturbation du sommeil à cause de leur job.
A noter également que chefs d’entreprise et salariés ont des visions très différentes de la qualité du dialogue social dans leur entreprise. Alors que 93 % des chefs d’entreprise la juge bonne (dont 40 % « très bonne »), les salariés sont beaucoup plus mesurés dans leur appréciation : 57 % la jugent bonne dont 9 % « très bonne ». Concrètement, que traduisent ces chiffres et quelles sont les conséquences réelles sur la vie de l’organisation ? Tout d’abord, ils démontrent sans conteste qu’il y a aujourd’hui une rupture du climat de confiance entre les dirigeants et les collaborateurs.
Mesurer le climat social est-ce bien utile ?
« Mesurer le climat social c’est comprendre les facteurs qui déterminent la confiance des collaborateurs en leur direction, c’est aussi mieux cerner la vision des enjeux et les attentes des collaborateurs pour ensuite mieux ajuster les politiques RH », indique Yann Soilly, Consultant en organisation et stratégie pour PB Consulting Group. Autrement dit, il s’agit autant un outil de diagnostic qu'un outil de management. Car en cernant le niveau d’implication des salariés, l’ambiance au travail, la satisfaction des collaborateurs vis-à-vis des projet RH, l’accueil et l’intégration des collaborateurs, la politique RH (formation professionnelle, gestion des carrières, rémunérations,…), l’organisation peut anticiper les situations à risques comme en témoigne le cas France Télécom Orange.
Le 14 février dernier, le groupe publiait la 4ème édition de son baromètre social mis en place en octobre 2010. Réalisé auprès de 4 000 salariés sur les 100 000 collaborateurs du groupe en France, ce sondage se base sur un questionnaire qui reprend à chaque fois les 50 mêmes thématiques pour mieux mesurer les évolutions. Les résultats sont plutôt positifs : 88% de salariés pensent que la vie au travail est meilleure ou équivalente à celle régnant dans les autres entreprises et 45 % pensent même qu’elle y est meilleure. Ils n’étaient que 24 % à le penser en octobre 2010, date du premier baromètre.
Un vrai signe d’encouragement pour le groupe France Telecom Orange qui a débloqué un budget de 900 millions d’euros afin d’améliorer le climat social. Preuve que cela marche…
Emilie Vidaud