En plein débat sur le mariage pour tous, cinq nouvelles entreprises signaient Le 17 avril 2013 la charte d’engagement LGBT (lesbiens, gays, bisexuels et transgenres). Elles venaient rejoindre les neuf précédents signataires* qui s’étaient engagés officiellement en janvier dernier sur la question de la promotion de la diversité et de la prévention des discriminations des personnes LGBT dans le contexte professionnel. Cette charte, première européenne, veille notamment à l’égalité des droits et de traitement des collaborateurs quelles que soient leur orientation sexuelle et identité sexuelle ou de genre.
Initiée par l’association L’Autre Cercle qui milite depuis plusieurs années pour l’égalité des personnes LGBT, cette charte fixe les bonnes pratiques à adopter pour lutter contre les discriminations au travail. Véritable cadre formel, elle s’attache, au sein des grandes entreprises, à rendre visible des droits qui existent, dans un véritable souci d’exemplarité.
« Notre démarche était de formaliser des pratiques et de permettre de libérer la parole au sein des grands groupes, explique Catherine Tripon, porte-parole de l’Autre Cercle. Nous souhaitions d’ailleurs impliquer les entreprises au plus haut niveau avec l’engagement direct des PDG et DG. Les instances dirigeantes devront ainsi donner l’exemple par leur comportement exemplaire sur cette question.» Il s’agissait, par cette signature, de passer un message particulièrement significatif et impactant pour l’ensemble des salariés. Qu’enfin les comportements discriminants soient véritablement sanctionnés, qu’on puisse en parler, échanger en faisant référence à un texte « exploitable par les DRH ».
Créer un environnement inclusif
Concrètement, cette charte engage les signataires à créer un environnement inclusif pour les collaboratrices et collaborateurs LGBT. Il s’agit pour les entreprises de prendre des mesures contre toute situation d’intimidation, d’hostilité, de vexation ou de toute forme de conduite discriminatoire en raison de l’orientation sexuelle.
Elles sont invitées à mentionner explicitement la thématique LGBT dans les communications internes sur leur engagements, mais également à sensibiliser, former et soutenir les initiatives des collaboratrices et collaborateurs œuvrant sur cette question. En signant cette charte, les entreprises doivent veiller à une égalité de droit et de traitement des salariés et soutenir ceux ou celles qui seraient victimes de propos ou d’actes discriminatoires. Enfin, en tant qu’entreprises exemplaires, tout l’enjeu pour ces signataires est de créer et partager des bonnes pratiques pour faire évoluer l’environnement professionnel sur cette question.
La question de la visibilité
Pour l’Autre Cercle, si rien n’est encore gagné – en 2011, près de 20 % des LGBT considéraient que le climat dans leur entreprise ou organisation leur est hostile -, cette initiative s’inscrit comme un nouveau pas sur la prise en compte au travail des discriminations liées à l’orientation sexuelle et l’identité de genre. « Il y a cinq ans, explique Catherine Tripon, je ne pensais pas qu’on serait capable d’impliquer autant les entreprises sur cette question.
Ce n’était alors pas envisageable que les directions prennent de tels engagements. Aujourd’hui, les grands groupes et les syndicats se sont emparés du sujet avec des vraies actions concrètes. Il faut maintenant le descendre dans les PME » Reste aussi la question de la visibilité. « Aujourd’hui, rappelle la porte-parole, aucun coming out de PDG ou DG n’a été recensé. Il est pourtant essentiel de libérer la parole et de donner un signe fort à la société. »
*Au 17 avril 2013, les entreprises signataires de la charte d’engagement LGBT étaient Accenture, Alcatel Lucent, Areva, Ars Ile De France, Eau De Paris, Groupe Casino, IBM, Michael Page, Monoprix, Orange, Randstad, Veolia Eau, Vinci Autoroutes, Volvo.
Audrey Caudron-Vaillant