Sur plus de 34 000 employés dans le monde, Google compte seulement un tiers de collaboratrices. Assumant avoir des difficultés à recruter, à fidéliser et à faire évoluer les femmes dans son organigramme, la société a décidé de créer avec ses ingénieurs un algorithme spécifique pour mieux comprendre ce phénomène et redistribuer les cartes.
Selon le bureau international du travail (BIT), le nombre de femmes employées dans l’informatique a baissé de 8 % de 2010 à 2011, alors que celui des hommes a augmenté de 16 %. Parallèlement, dans la moyenne nationale, les femmes représentent 25 % des effectifs des entreprises informatiques. Pour remédier à cette situation, à laquelle Google doit également faire face, la firme s’est fixée comme objectif d’étudier les comportements de la gente féminine. En entreprise informatique experte, Google a donc créé un algorithme pour déterminer exactement, à quel moment, dans son Process RH, les femmes se sentent plus ou moins exclues de son système de recrutement ou d’évolution professionnelle. Premier constat : les femmes rencontrent des difficultés dès l’étape de l’entretien téléphonique. D’après l’analyse RH, contrairement à leurs homologues masculins, elles restent trop modestes et ne font pas assez « étalage » de leurs compétences. Une première approche qui n’incite donc par les recruteurs à donner suite et par conséquent à les recruter. Deuxième observation : parmi celles qui ont la chance d’obtenir un entretien puis l’opportunité d’un poste, certaines le refuse. La raison ? Selon le système d’analyse de son système RH, Google a remarqué que toutes celles qui avaient dit « non » avaient passé leur entretien d’embauche avec un homme. De ce constat, la société a donc changé son mode de fonctionnement. Aujourd’hui les candidates sont désormais reçues par d’autres femmes.
Les évolutions de carrière des femmes au cœur des préoccupations du groupe
En termes d’évolution de carrière, Google a également constaté que les femmes avaient très peu de promotion… car elles n’ont pas le reflexe d’en demander ! Or, au sein de la firme, c’est de cette manière que l’on monte les échelons. Aussi l’entreprise a-t-elle décidé de mettre en place des ateliers, animés par des femmes seniors, visant à accompagner leurs jeunes homologues dans leur plan de carrière et à les encourager dans leur démarche de promotion. Dans la même veine, le géant californien a pris conscience de la fuite de ses talents féminins suite à une maternité. La diminution du nombre de femmes après une naissance étant deux fois plus importante que pour les autres employés. Un constat auquel fait écho le départ médiatique de Marissa Mayer, ex-vice présidente de Google, qui enceinte de son premier enfant, a quitté le groupe, après 13 ans d’ancienneté, pour rejoindre Yahoo comme pdg. Pour assurer de sa bienveillance à l’égard de ses jeunes mères de famille, Google a donc décider d’allonger le congé maternité de trois à cinq mois et de le rémunérer à 100 % plutôt que partiellement. A ce jour, la société affiche une grande fierté face aux changements opérés grâce à son algorithme, même si elle estime avoir encore un long chemin à parcourir. « Je souhaiterais que nous puissions dire que nous avons remarquablement réussi et que nous nous rapprochons d’un effectif composé à 50 % de femmes, mais ce n’est pas vrai », a déclaré au New-York Times Alan Eustace, vice-président en charge de la connaissance chez Google. La route semble toutefois toute tracée pour atteindre, à terme, cet objectif…
Gérald Dudouet