Quand on a poursuivi un double cursus entre la France et la Roumanie, son pays d’origine, les vacances deviennent un luxe. Alors pendant l’été, Anca Strachinaru, lauréate des Trophées Juni’Or, ne s’accorde pas de répit ; elle retourne sur les bancs de l’école et y convie des étudiants de toutes nationalités. C’est pour la mise en place de la Summer School de Veolia que l’ANDRH l’a récompensée.
De la prison à Veolia
« A mon arrivée en France, il y a 6 ans, je ne pouvais même pas ternir une conversation, à peine écrire un modeste mail », raconte Anca Strachinaru, avec un discret accent et un français parfaitement fluide. Elle a appris la langue de Molière sur place, « en souffrance et avec douleur », se souvient-elle, non sans en sourire.
Avant d’entrer en master RH, elle commence par des études de sociologie et étudie l’univers carcéral. Verrait-elle un lien entre l’entreprise et la prison ? « Non ! Mais si on arrive à comprendre les situations les plus difficiles, à appréhender la complexité psychologique de la prison, on acquiert des réflexes empathiques. Dans les RH, on ne fait ni du social ni du caritatif mais il faut conserver les valeurs universelles de l’humain », explique-t-elle.
La lauréate avoue avoir découvert les RH « un peu par hasard ». Elle se souvient : « Je retournais à Bucarest pour les vacances, mais ne comptais pas rester 3 mois sans rien faire ». Elle a donc envoyé des CV à plusieurs entreprises. Veolia lui a proposé un poste en CDD, au service RH. « J’y ai fait du recrutement et un peu de formation professionnelle. C’était une découverte. A cette époque, Veolia menait des plans sociaux, alors cela n’a pas été évident sur le plan humain », raconte-t-elle.
Au moment de reprendre ses études, elle se dirige vers un master RH, s’intéresse plus particulièrement « au dialogue social, à la santé et la sécurité au travail, et plus globalement aux conditions de travail ». Puis, elle retourne chez Veolia, en stage cette fois, et en France. Aujourd’hui, elle y est en charge du développement RH, des métiers, des relations écoles et du campus.
Une nouvelle génération sans langue de bois
« Lorsque l’on m’a remis le trophée, j’ai été surprise et, à la fois, je me suis reconnue dès les premiers mots de présentation », avoue la lauréate. Challenge, spontanéité, force de conviction… ces mots lui parlaient. « Puis, quand il a évoqué la fluidité de la langue, j’ai pensé que ça ne pouvait pas être moi ! », rit-elle.
Le trophée Juni’Or en fait une représentante de la nouvelle génération, mais au-delà, ce sont ses convictions qui la range de ce côté : « Il faut comprendre le métier, descendre dans la vraie vie, être sur le terrain avant d’imaginer des politiques ambitieuses, avec des mots qui souvent n’ont pas de sens ».
Elle a conçu et pensé le campus Veolia pour cette nouvelle génération, qu’elle comprend parce qu’à 30 ans, elle en est encore proche. Au programme : « surtout pas de cours magistraux ! », insiste-t-elle. Mais des jeux de rôle, des Business Games, de la video, du speed meeting. « Ces outils parlent à la nouvelle génération, dans laquelle je me reconnais. Il ne faut surtout pas rester dans l’approche classique, mais renoncer à la langue de bois et faire de l’interactif ».
Mettant un pied de l’autre côté, celui des profils expérimentés, Anca Strachinaru poursuit : « Ils n’ont pas la même relation à la hiérarchie. On les sent parfois impertinents, parce qu’ils sont plus directs. Ils ont renoncé aux formes pour se cadrer sur l’essentiel du message et de la relation ».
Après cette Summer School, les 34 étudiants sont retournés dans leurs établissements respectifs, « comme des ambassadeurs du Groupe Veolia », précise la chargée de développement RH. Aujourd’hui, ils sont en passe d’obtenir leur diplôme. « On est resté en contact avec eux. Si on n’a pas le pouvoir d’imposer qui que ce soit aux départements RH locaux, on peut quand même proposer leur CV en cas d’opportunité », avance responsable des relations écoles/Veolia. De son côté, de belles perspectives aussi s’annoncent.
Typhanie BOUJU