Si la Saint-Valentin célèbre l’amour, elle nous rappelle aussi l’importance des liens qui nous unissent… y compris lorsqu’il s’agit d’amitié au travail ! Les relations amicales que l’on y tisse sont gages de bien-être, mais jusqu’où aller sans brouiller les frontières professionnelles ?
Entre afterworks, séminaires et échanges informels, les entreprises encouragent la proximité, tout en imposant une nécessaire distance. Alors, comment tirer parti de ces relations sans en subir les dérives ? Décryptage d’un enjeu RH et managérial.
Les avantages d’une bonne gestion des relations amicales en entreprise
Les amitiés au travail sont aujourd’hui largement plébiscitées en entreprise. Et à raison ! Puisque l’on côtoie davantage ses collègues que ses proches, ces liens favorisent l’intégration, garantissent un soutien moral au quotidien, et renforcent le sentiment d’appartenance.
Bien gérée, l’amitié entre collègues contribue à un climat agréable :
- entraide : en partageant leurs ressentis, les collaborateurs sont plus à même de se soutenir ;
- communication : les échanges sont plus fluides et les malentendus moins nombreux ;
- satisfaction au travail : l’environnement de confiance créé génère moins de stress, d’insécurité ou d’incertitude.
Les chiffres l’attestent aussi : dans une récente enquête Ifop, 82 % des travailleurs estiment que les amitiés professionnelles peuvent contribuer à réduire la pénibilité du travail. Ainsi, c’est toute l’organisation qui bénéficie de ces amitiés. Elles contribuent à la rétention des talents et à une meilleure cohésion interne.
Cependant, ces avantages doivent être mis en perspective. Pour préserver une atmosphère de travail saine, d’éventuelles dérives sont à anticiper.
Les risques liés à la confusion des rôles entre amitié et professionnalisme
Il n’est pas question de remettre en cause la validité des relations amicales sur le lieu de travail, mais plutôt de contextualiser l’usage d’un cadre. Parmi les dérives possibles :
- Temps d’échanges informels prolongés : des interactions excessives perturbent la concentration et ralentissent la réalisation des tâches.
- Jalousie et rivalité : des liens perçus comme exclusifs génèrent tensions et frustrations au sein des équipes.
- Rumeurs et conflits : un manque de transparence alimente les incompréhensions et altère la cohésion d’équipe.
- Favoritisme : des amitiés entre managers et collaborateurs compromettent l’équité et fragilisent la confiance.
Très souvent, ces dérives sont les résultats d’une gestion trop floue des liens entre collègues. L’entreprise encourage la convivialité à travers soirées, sorties et autres événements, mais attend dans le même temps que chacun préserve une distance professionnelle.
Cette double injonction peut parfois brouiller les repères : comment être proche de ses collègues sans dépasser une certaine limite ? Certains collaborateurs éprouvent des difficultés à ajuster leur posture une fois de retour dans un contexte formel. Ce flou impacte directement la gestion managériale.
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Comment encourager des relations amicales saines au travail ?
Les bénéfices des relations amicales ne se récoltent donc pas par hasard. Elles doivent être encouragées tout en étant cadrées par une approche managériale intentionnelle.
Prévenir l’apparition de tensions entre collègues
Bien que son rôle soit limité, l’employeur peut rappeler aux collaborateurs leurs responsabilités :
- garder un comportement professionnel, indépendamment des affinités ;
- dissocier vie personnelle et vie professionnelle en cas de conflit sans lien avec le travail ;
- solliciter les ressources humaines pour assurer la médiation en cas de besoin ;
- respecter les règles de confidentialité.
Instaurer un cadre dans les événements conviviaux
Lors des séminaires, sorties d’équipe et autres, les responsables RH doivent veiller à instaurer un cadre clair et respectueux. Ces moments de convivialité, pour rester appréciables par tous, doivent favoriser l’inclusion. Chaque collaborateur, peu importe son poste ou son ancienneté, doit se sentir à l’aise et inclus dans les échanges et les activités.
Enfin, les managers ont un devoir d’exemplarité, en maintenant une attitude respectueuse des rôles hiérarchiques.
L’équilibre entre convivialité et professionnalisme, bien que subtil, certaines entreprises parviennent à l’instaurer avec des approches innovantes.
Ces entreprises qui encouragent les amitiés au travail
Au sein d’IBM France, le réseau « Millenials » regroupe les salariés de moins de 35 ans autour d’ateliers ou de temps d’échange informel. L’objectif n’est pas de tisser des amitiés à proprement parler, mais cette communauté permet néanmoins à de jeunes actifs de s’intégrer plus facilement et de développer leur réseau.
Chez Google, la création de groupes passe par des intérêts communs. « Pride at Google » (LGBTQ+), « BGN » (Black Googler Network) ou « Greyglers » (seniors) renforce l’appartenance à une communauté tout en respectant les enjeux professionnels.
Chez Sanofi, c’est un groupe de soutien qui matérialise leur démarche. Le programme « Cancer et travail : agir ensemble », favorise le soutien entre salariés en rémission ou guéris du cancer.
En définitive, en entreprise comme ailleurs, l’amitié est avant tout une question d’équilibre ! Et à mesure que les dynamiques de travail évoluent (flexibilité, semaine de 4 jours, modèles hybrides), la frontière entre vie professionnelle et personnelle sera nécessairement à repenser, pour favoriser des liens sains.