Le débat fait rage depuis des mois, et un certain consensus semble avoir été établi : indiquer le salaire proposé pour un poste n’a apparemment que des avantages sur le papier.
Attractivité, transparence, gain de temps, respect des candidats…
Et pourtant, je comprends encore que des entreprises n’indiquent rien.
Je vais vous expliquer pourquoi, avec des exemples concrets, auxquels mes collègues de FID RH et quasiment tous les recruteurs que je connais ailleurs, ont été confrontés.
Salaire non défini en interne
Je vous jure que c’est vrai : il existe vraiment des sociétés qui ouvrent un recrutement sans avoir défini le salaire qui sera proposé.
Deux cas peuvent se présenter : création de poste ou remplacement d’une personne avec une ancienneté importante.
Les entreprises ne savent pas / ne savent plus ce qui doit être proposé pour être attractif.
Elles ont un réel besoin, mais n’ont pas pris le temps de faire une étude de salaire, de regarder ce que proposent les concurrents.
Elles partent du principe qu’elles n’ont pas le choix, qu’elles vont se caler sur le marché et les attentes des candidats.
Ce qui amène aux fameuses annonces « salaire selon profil ».
Je ne dis pas que cette situation est logique / normale, je dis simplement qu’elle existe.
Ouverture sur le profil
Sur le même poste, certaines entreprises peuvent à la fois embaucher un « Junior évolutif » à 40 K€, en prenant en compte le temps et le budget nécessaires à sa formation et sa montée en compétence, et un « Senior » à 60 K€, plus rapidement opérationnel.
Mais, on le voit bien avec les réactions de nombreuses personnes sur ce sujet, afficher une fourchette 40 – 60 K€ peut énerver – inquiéter.
Ce qui fait que certaines entreprises laissent encore « salaire selon profil ».
Ne rater aucun candidat
Imaginons un salarié payé 59 K€, qui se remet à l’écoute du marché.
Il voudrait au moins 62 K€ pour son prochain poste.
Il va donc indiquer dans ses critères de recherche, sur les jobboards, une fourchette 62 – 65 K€, par exemple.
Et il va ainsi rater le poste de ses rêves, pour lequel l’annonce indique 55 – 60 K€, qu’il ne verra donc pas, puisque hors critères.
Alors que, sans indication de salaire, le candidat aurait pu : être attiré par l’annonce, postuler, être embauché, acceptant finalement un salaire de 60 K€.
On le voit fréquemment en premier entretien, des candidats indiquent qu’ils n’étudieront pas d’offre en-dessous de 62 K€.
Mais ils signent finalement à 60 K€, après discussions, présentation d’un projet, feeling avec les équipes, mise en avant des possibilités d’évolution, etc.
On voit aussi des candidats ayant des prétentions à 62-65 K€ pour un poste en présentiel, et accepter finalement 60 K€ avec 3 jours de télétravail.
Parfois, ne rien indiquer revient à ne rien rater.
Éviter les déceptions
Il y a quelques semaines, l’un de mes collègues a présenté un candidat à l’un de nos clients.
La fourchette de salaire fixe indiquée sur l’annonce était 82 – 88 K€.
Le candidat percevait une rémunération de 81 K€ et voulait une augmentation.
A la fin du process, notre client lui propose 84 K€.
Il ne pouvait finalement pas monter plus haut, étant donné l’expérience du candidat, pour des raisons de cohérence avec les personnes déjà en poste.
Réponse du candidat (je résume hein) : « l’annonce indiquait que vous pouviez proposer 88, donc je veux 88 pour venir ».
Notre client n’a pas voulu / pas pu augmenter son offre, le recrutement a donc échoué.
Si le candidat n’avait pas vu que le salaire pouvait monter à 88 K€, peut-être aurait-il été très content avec son offre à 84 K€.
Plus on espère, plus on prend le risque d’être déçu.
En résumé, je continue de penser qu’indiquer un salaire dans une offre d’emploi peut parfois être contre-productif.
Mais ce qu’il faut obligatoirement faire, c’est aborder la question de la rémunération dès le premier échange.
Faire entrer un candidat en process, lui faire passer 3 entretiens, pour réaliser à la fin que vous ne pouvez pas répondre à ses attentes salariales = perte de temps pour les deux parties + manque de respect pour le candidat + claque pour l’image employeur.