Entre instabilité professionnelle, dynamique de reconversion et montée en puissance de l’IA, la formation continue est plus que jamais une clé d’adaptation. Le 6ᵉ baromètre de la formation et de l’emploi, publié par Centre Inffo, met en lumière les tensions et leviers qui structurent cette équation.
Chaque année, le baromètre Centre Inffo offre un éclairage précieux sur les tendances qui traversent le marché du travail. L’édition 2025 confirme un phénomène désormais bien installé : les parcours professionnels sont tout sauf linéaires.
Entre transformation rapide des métiers, mobilité accrue et besoin d’actualisation continue des compétences, la formation devient un socle clé de sécurisation des trajectoires individuelles et de performance des organisations.
Pourtant, les écarts se creusent. Si certains profils s’approprient pleinement les dispositifs existants, d’autres restent en retrait — par manque d’accès, de lisibilité ou d’accompagnement. Et l’arrivée de l’intelligence artificielle dans les usages professionnels vient complexifier encore davantage les repères.
Alors, comment les actifs perçoivent-ils aujourd’hui leur avenir professionnel et leur capacité à s’y adapter ? Quels sont les principaux freins à la mobilisation des dispositifs de formation ? Et comment les transformations liées à l’IA redessinent-elles les besoins en compétences, à court comme à moyen terme ?
Formation continue entre enjeux partagés et fractures d’accès
De manière générale, les actifs ont confiance en leur avenir professionnel. En effet, cette année, 69 % d’entre eux se disent confiants, avec un pic à 81 % chez les cadres. Un chiffre en légère progression par rapport à l’an passé. Et ce, en dépit d’un environnement professionnel qui ne cesse de changer.
D’ailleurs, l’évolution, toujours plus rapide, des métiers est clairement perçue par 43 % des actifs. Une proportion identique pense ainsi exercer la même profession d’ici 5 ans, mais de manière différente. À l’inverse, plus d’un répondant sur deux envisage un changement d’emploi, dont 34 % d’ici les 2 prochaines années.
Ainsi, alors que la projection des collaborateurs et candidats reste positive, l’instabilité structurelle du marché impose un besoin accru d’adaptation.
Or, cette capacité d’adaptation repose en premier lieu sur l’investissement individuel. Une majorité du panel (74%) considère par exemple que c’est à chacun d’être responsable de son parcours de développement. Un chiffre qui ne cesse de reculer depuis 2022, signe que l’attente vis-à-vis d’un accompagnement plus institutionnalisé ne cesse de croître.
Un glissement cohérent avec un autre indicateur stable depuis trois ans : 69 % des répondants se sentent « suffisamment acteurs » de leur formation continue. Une dynamique qui bénéficie surtout aux plus jeunes, aux cadres et aux indépendants. Tandis que les seniors et les chômeurs restent en retrait.
Plus problématique : près d’un actif sur deux ne se sent pas bien informé sur les dispositifs de formation existants. Un déficit qui, bien entendu, alimente des inégalités dans la mobilisation de l’offre. En particulier sur les outils récents comme Cléa, Pro-A, ou même le CEP, car tous restent encore très peu connus malgré leur potentiel.
Mobilité, IA, compétences : des défis de fond pour la formation
Cette année, 1 actif sur 5 déclare être engagé dans une reconversion professionnelle. Et parmi eux, 80 % disent bénéficier d’un accompagnement dans leur parcours. Une donnée qui souligne l’interdépendance des enjeux de mobilité et de développement des compétences.
Autre défi émergent : celui de l’intelligence artificielle évidemment. L’usage progresse rapidement avec 68 % des actifs qui utilisent déjà l’IA — dans un cadre personnel ou professionnel — pour :

Source : Le baromètre de la formation et de l’emploi, édition 2025 (Centre Inffo)
Par ailleurs, 72 % de ceux qui l’utilisent expriment un besoin de formation en la matière. Cependant, malgré cette demande, seulement un tiers a déjà pu bénéficier d’un parcours pédagogique dédié à l’intelligence artificielle. Ce dernier étant le plus souvent dispensé par un organisme externe ou… des collègues de travail.
Alors que les besoins sont concrets — choix des outils, automatisation des tâches, fiabilité des informations —, il existe pour l’heure un décalage flagrant entre l’usage croissant de l’IA et la structuration de l’accompagnement à ce sujet par les acteurs du marché de l’emploi et de la formation.
Source(s) documentaire (s) :
- 6e édition du Baromètre de la formation et de l’emploi 2025, Centre Inffo