Alors que l’absentéisme de courte durée marque un léger recul, l’absentéisme de longue durée, lui, explose. Son coût — humain, organisationnel et financier — devient une véritable alerte rouge pour les entreprises. Ce 3ème volet de l’étude annuelle menée par Predilife avec IPSOS apporte un éclairage nouveau sur la perception des salariés vis-à-vis de l’absentéisme.
L’absentéisme de longue durée : une réalité lourde de conséquences
22 % des salariés français ont déjà connu une absence de longue durée (au moins 3 mois) au cours de leur carrière. Ce qui représente 1 collaborateur sur 5, et ce chiffre monte à 27 % pour des absences supérieures à 6 mois vécues dans l’équipe. Au-delà du constat, c’est la récurrence et l’intensité de l’impact qui interpellent : surcharge de travail pour les collègues, hausse du stress, perte de motivation… Le phénomène a un effet domino dangereux pour la santé organisationnelle.
Parmi les premiers facteurs désignés pour expliquer cet absentéisme longue durée ? Le stress, l’anxiété et le burn-out, identifiés comme causes principales des arrêts longs (33 % des cas). Si les cadres sont les plus touchés, les autres collaborateurs ne sont pas épargnés, notamment pour des raisons de santé plus lourdes : hospitalisations, maladies chroniques, etc.
Ce qui rend la situation encore plus complexe ? Le poids du silence. 18 % des salariés concernés estiment qu’il est difficile, voire très difficile, d’aborder un arrêt longue durée avec leur manager. Tabou, manque de compassion, peur du jugement et de la sanction freinent la parole, creusant un fossé entre souffrance et accompagnement.
La prévention santé : levier stratégique pour prévenir l’absentéisme
Alors, comment agir ? Prévention personnalisée, bilans de santé prédictifs, accompagnement managérial… L’approche doit être globale et humaine.
Les données de l’étude montrent d’ailleurs que les salariés attendent plus d’engagement de la part de leur entreprise. 87 % estiment que l’entreprise doit investir davantage dans la santé, 78 % la considèrent responsable de leur bien-être, et 86 % souhaitent bénéficier de dispositifs concrets pour prévenir les pathologies graves. Cancers ou maladies cardiovasculaires, par exemple. Ainsi, les solutions à privilégier pour prévenir l’absentéisme ne relèvent pas uniquement du soin, mais bien de l’anticipation. Cela passe notamment par :
- la mise en place de bilans de santé prédictifs pour détecter les risques en amont ;
- des actions ciblées sur la santé mentale et la surcharge de travail ;
- un soutien actif à la réintégration après un arrêt de longue durée (ré-onboarding, adaptation des conditions de travail, accompagnement managérial) ;
- une meilleure reconnaissance au travail et un dialogue renforcé.
L’étude révèle également un lien direct entre politique santé et attractivité employeur : la qualité des dispositifs santé étant désormais un critère de fidélisation et de recrutement.
Adapter les actions RH pour une prévention efficace
Pour prévenir l’absentéisme de façon durable, il faut différencier les causes et les profils. Les arrêts de courte durée (liés à des virus, enfants malades, etc.) n’ont pas les mêmes leviers d’action que les absences longues.
Lors de ce webinar, Anne Kerzan (Predilife) a notamment insisté sur l’importance de la formation managériale. Et ce, en s’appuyant sur un postulat très simple : les managers doivent être outillés pour accueillir la parole, détecter les signaux faibles et réagir avec bienveillance. De fait prévenir l’absentéisme, c’est aussi sortir du pilotage réactif pour aller vers un management proactif et inclusif.