Expectra, leader français du recrutement en hautes compétences, révèle pour la 9ème année consécutive les résultats de son Baromètre des salaires des cadres. Cette enquête exclusive sur l’évolution annuelle des salaires des cadres est fondée sur les salaires réels, extraits de 135 000 fiches de paie provenant de 6 500 PME réparties dans toute la France. Par ailleurs, et pour la première fois, le Baromètre inclut une enquête sur les compléments de salaire réalisée en partenariat avec Viadeo.
1. Salaires 2011 : la reprise se confirme
Alors que les salaires des cadres avaient enregistré des baisses de 1,6% en 2009 et 1,9% en 2010, l’année 2011 marque un tournant. Pour la première fois en trois ans, les salaires à l’embauche des cadres sont orientés à la hausse, affichant une progression de +2,9% en moyenne. Cette embellie profite à l’ensemble des secteurs étudiés dans le Baromètre Expectra, qui ont vu leur niveau de rémunération globale progresser dans une fourchette comprise entre +0,4% pour la filière Informatique & Télécoms et +5,4% pour la filière RH & Juridique.
« Ce comportement des salaires des cadres s’inscrit au regard de sa tendance haussière dans un contexte de reprise économique dont on peut penser qu’il signe la sortie de crise. Au niveau microéconomique, il témoigne de la vigueur retrouvée des entreprises dont les carnets de commande sont de plus en plus fournis et qui rencontrent même, sur certains profils, des difficultés de recrutement », déclare Didier Gaillard, Directeur général d’Expectra.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette dynamique positive. Tout d’abord, une conjoncture favorable. Qu’il s’agisse de la production industrielle (+6,8% sur les trois premiers mois de l’année par rapport à la même période un an plus tôt), de la consommation des ménages (en hausse de 5,5% en février 2011 en glissement annuel), de la reprise des investissements ou des recrutements – en butte à des pénuries sur certains profils – ou encore du redémarrage des projets de R&D, tous les clignotants sont au vert. Incontestablement, les salaires des cadres ont bénéficié d’un effet d’entraînement.
Cependant, la conjoncture n’explique pas tout. Très sollicités pendant la crise, les cadres ont fait le dos rond. La reprise amorcée, ils attendent désormais un retour de la part de leur employeur. La dynamique d´augmentation des salaires à l’embauche semble prouver que les entreprises en ont pris conscience. Les tensions apparues sur le recrutement de certains métiers pourraient même se renforcer dans les mois à venir.
2. Les secteurs passés à la loupe
Informatique & Télécoms
Les salaires à l’embauche ont connu une augmentation prudente en 2011, de +0,4%. Sans doute doit-on y voir le signe d’une meilleure résistance au plus fort de la crise économique, privant ainsi cette filière d’effet de rattrapage. En effet, les services IT et Informatique étant désormais très intégrés aux processus des entreprises, ils sont vraisemblablement moins susceptibles de faire les frais d’éventuelles réductions d’effectifs en cas de retournement de la conjoncture.
Les salaires devraient par ailleurs bénéficier de perspectives de croissance favorables. L’Informatique devrait voir son activité croître de +3,5% en 2011 tandis que la croissance des activités de conseil devrait s’établir à +4%.
De grands projets, comme l’arrivée de la 4G, le déploiement de la fibre optique dans les télécoms ou encore l’émergence du cloud computing devraient contribuer à soutenir la croissance de l’activité.
Les plus fortes hausses de salaire ont concerné les trois qualifications suivantes : ingénieur réseau (+8,3%), ingénieur système (+6,3%) et ingénieur développement (+3,8%).
Ingénierie & Industries
Les salaires s’établissent en hausse de +3,3% en moyenne. Le contexte conjoncturel de cette filière est favorable, marqué par une reprise de la production industrielle comme des investissements dans la R&D et les équipements industriels.
Autre élément positif, la reprise des recrutements et des missions d’intérim dans le secteur. Les offres de mission à pourvoir enregistrent une croissance de +20%. Les plus fortes hausses de salaire ont concerné les trois qualifications suivantes : chef de projet (+9,3%), ingénieur BTP (+9%) et responsable qualité (+8,5%).
Comptabilité & Finance
Les salaires s’affichent en hausse de +4%. La filière a également amorcé sa sortie de crise. Les investissements réalisés par des nombreuses sociétés pour accompagner leur croissance témoignent de cette vigueur retrouvée. A titre d’exemple, les offres de missions et de recrutements dans la finance d’entreprise ont progressé de +26% au premier trimestre 2011 par rapport au premier trimestre 2010.
Les plus fortes hausses de salaire ont concerné les trois qualifications suivantes : contrôleur de gestion (+10,8%), responsable administratif et financier (+9,3%) et analyste financier (+6,5%).
RH & Juridique
Les salaires ont progressé de +5,4% en moyenne. Cette hausse, la plus significative de l’ensemble des filières, signe la volonté des entreprises de placer au coeur de leurs stratégies d’affaires les Ressources Humaines. Au sortir de la crise, il est possible que les entreprises aient souhaité mettre en place des politiques sociales valorisantes afin de répondre aux attentes de leurs salariés. Résultat, les offres de missions et de recrutements ont bondi de +36% sur le 1er trimestre 2011 par rapport au 1er trimestre 2010. Les plus fortes hausses salariales ont ici concerné les responsables RH (+8,2%) et les juristes d’affaires (+6,4%).
Commercial & Marketing
Les salaires de cette filière enregistrent en 2011 une augmentation moyenne de +4,9%. Les commerciaux, c’est bien connu, ne connaissent pas la crise. En reprise d’activité, les entreprises sont donc d’autant plus portées à étoffer leurs forces de vente. Du coup, les opportunités de mission pour les ingénieurs commerciaux, les technico-commerciaux, les commerciaux et les chefs des ventes sont presque deux fois plus nombreuses sur le 1er trimestre 2011 que l’année dernière sur la même période. Les équipes Marketing ne sont pas en reste non plus, et devraient également voir leurs rangs grossir sous l’effet de la croissance retrouvée, et ce après deux années de restrictions budgétaires marquées par le gel des embauches.
Les plus fortes hausses de salaire ont concerné les trois qualifications suivantes : ingénieur d’affaires (+11,5%), chargé d’affaires (+9,1%) et chef de produit (+4,2%).
3. Salaires des cadres : un éclairage régional
Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas l’Île-de-France qui détient la palme des augmentations de rémunérations les plus importantes cette année.
Ainsi les cinq plus fortes augmentations de la région parisienne frisent certes les 10% (entre 8,3 et 9,4%), mais c’est le Sud-Ouest qui emporte la palme, avec une hausse de 9,7% pour un comptable client très courtisé ! « En province, les évolutions de salaires suivent les besoins des spécificités locales », note Emmanuel Chauvin, Directeur des études chez Expectra.
Exemple type, la région Nord, du fait de la forte concentration de sociétés de vente à distance, récompense particulièrement ses techniciens – en maintenance électronique, hotline, réseaux wan et contrôle qualité – qui sont pourtant boudés au niveau national.
A l’Ouest, c’est l’informatique et les télécoms qui sont prisés, notamment pour les fonctions d’ingénieurs développement et de chefs de projet. Des fonctions certes recherchées partout en France, mais qui bénéficient dans cette région de hausses de salaires destinées à attirer les ingénieurs parisiens.
L’industrie en Rhône-Alpes favorise les ingénieurs d’études R&D ainsi que les techniciens de maintenance en électronique et en froid et climatisation.
Quant à la région PACA, elle mise sur les chargés d’affaires et les ingénieurs développement ou réseau.
4. Enquête sur les compléments de salaire : les résultats de l’étude Viadeo
« Nous sommes heureux d’avoir pu nous associer à cette 9ème édition du baromètre des salaires des cadres. Les résultats viennent corroborer ce que nous avons pu constater auprès de nos 4,5 millions de membres français : la reprise est bel et bien là », déclare Olivier Fécherolle, DG Opérations Europe de Viadeo.
Informatique & Télécoms : des primes conséquentes pour fidéliser les jeunes potentiels
Les entreprises du secteur se sont plutôt montrées réservées sur l’attribution de rémunérations variables, qui n’ont concerné que 43,7% des ingénieurs informatique et télécoms. Les heureux bénéficiaires ont cependant empoché des primes comprises entre 6 et 15% de leur rémunération brute, soit un montant assez élevé. Les plus fortes primes (supérieures à 20%) ont été attribuées pour moitié à des jeunes de un à trois ans d’expérience : développeurs nouvelles technologies, jeunes chefs de projet et consultants fonctionnels sont ainsi fidélisés dans un contexte de turnover important.
Un contexte qui incite les ingénieurs à l’optimisme : 24,3% des professionnels interrogés envisagent un avenir fructueux avec une augmentation conséquente dont ils comptent bénéficier à l’occasion d’un changement de poste.
Ingénierie & Industries : une forte reprise qui favorise les primes
Plus de la moitié des managers de l’industrie (55%) ont perçu des primes pour un tiers inférieures à 5% de la rémunération brute, et un tiers entre 6 et 15%. Environ deux tiers des primes les plus importantes ont été attribuées en Ile de France, alors que les managers de province se contentent de primes inférieures à 5% de la rémunération brute.
L’optimisme reste cependant mesuré parmi les cadres de l’industrie et de l’ingénierie : seuls 17,3% des personnes interrogées envisagent une forte augmentation l’an prochain et 57,7% une hausse très modérée.
Comptabilité & Finance : les plus optimistes
Les primes sont inférieures à 15% pour 65% des comptables et financiers dont les plus expérimentés – plus de 10 ans d’expérience – se voient attribuer les plus faibles augmentations (inférieures à 5%). Au global, les montants des primes sont cependant élevés pour des fonctions purement administratives.
En toute logique, les cadres comptables et financiers sont les plus optimistes concernant leur évolution salariale : 26,5% des interviewés d’entre eux pronostiquent une augmentation significative pour l’année à venir. Une perspective que nombre d’entre eux (26,7%) envisagent en accompagnement d’un changement de poste.
RH & Juridique : des primes pour les plus expérimentés
L’attribution d’une rémunération variable a globalement bénéficié aux cadres dotés de plus de cinq ans d’expérience et résidant en province. La prime a concerné 54,5% des professionnels RH et juridiques interviewés, mais pour des montants qui n’ont pas excédé 5%.
En revanche, les plus expérimentés ont bénéficié de primes conséquentes. Les plus anciens (plus de 10 ans d’expérience) sont les principaux bénéficiaires des primes supérieures à 5%, et les primes supérieures à 20% sont attribuées exclusivement aux cadres affichant plus de 5 ans d’expérience. Ces managers de haut niveau se voient favorablement récompensés lors d’un changement de poste (29,41%).
Commercial & Marketing : des primes supérieures à 20% en Île-de-France
Près d’un collaborateur sur deux (45%) n’a pas bénéficié de prime cette année. C’est dire si l’atteinte des objectifs (particulièrement pour les commerciaux) a justement été difficile dans un contexte de marchés plus que tendus. La situation est d’autant plus délicate que cette prime constitue dans ces métiers un moteur fondamental de motivation.
La perte reste cependant peu significative puisque les avantages « collatéraux » (intéressement, participation, avantage en nature, bonus, primes…) ne dépassent pas les 5% pour un tiers des personnes interrogées. Mais dépasse les 20% pour un répondant sur 5, dont une grande majorité réside en Ile-de-France (63%).
La tension sur les rémunérations ne les empêche pas de rester optimistes : 52,7% d’entre eux déclarent bénéficier d’une hausse modérée de leur salaire l’an prochain. Signe de leur nouveau regain d’optimisme ?
Méthodologie
Baromètre des salaires Cadres Expectra
Le baromètre des salaires Expectra est bâti à partir de l’ensemble des missions d’intérim réalisées par les experts de profils bac + 2 à bac + 5 : au total, pas moins de 135 000 fiches de paie ont été analysées, représentant 123 qualifications dont 59 fonctions cadres et 64 fonctions ETAM, sur les métiers de l’informatique, de l’ingénierie, la comptabilité finance, les fonctions RH et juridique, le commercial et le marketing.
La règle imposant qu’un intérimaire soit rémunéré au même niveau qu’un salarié titulaire garantit une bonne représentativité des salaires pratiqués au sein des PME. Au global, ce sont plus de 6 500 PME avec des effectifs inférieurs à 400 personnes qui sont représentées (56% en province et 44% en Île de France).
Les évolutions de salaire à l’embauche enregistrées sur la période de septembre 2010 à mars 2011 vs la même période un an plus tôt, traduisent ainsi les gains observés lors d’un changement de poste à qualification et expériences égales.
Enquête Viadeo sur les rémunérations variables
Un questionnaire a été administré en ligne du 31 mars au 7 avril 2011 auprès de 1070 membres de Viadeo dont :
– 220 membres exerçant ou ayant exercé une fonction dans les métiers du Commercial et Marketing
– 204 membres exerçant ou ayant exercé une fonction dans les métiers Comptabilité/Finance
– 220 membres exerçant ou ayant exercé une fonction dans les métiers RH/ Juridique
– 206 membres exerçant ou ayant exercé une fonction dans les métiers IT/Télécoms
– 220 membres exerçant ou ayant exercé une fonction dans les métiers Ingénierie
– et Industrie (fonctions achats/logistique, R&D, Méthodes et Process, Exploitation et Maintenance)