L’AFMD et Humanis publient un abécédaire « pour mieux comprendre et intégrer les seniors en entreprise ». Le livret, symboliquement intitulé PassAge, propose aux managers et responsables RH de passer en revue 50 notions essentielles, choisies et débattues au fur et à mesure des rencontres entre les mondes de l’entreprise et universitaire.
La gestion des âges : un domaine d’étude aux angles d’attaque aussi multiples que les entrées d’un dictionnaire.
Senior : un « âge » parmi d’autres, une notion parmi d’autres
A la lettre J, on trouve le terme « jeune », couplé avec celui de « junior » ; à la lettre S, celui, évidemment, de « senior ».
On lit d’abord la définition du Larousse, ancrée dans un contexte sportif, puis une autre, plus sociologique : le terme senior « désigne également les personnes de plus de 50 ans sur le marché du travail ». Le mot connaît de nombreuses nuances et acceptations, selon qu’il est employé dans le secteur médical ou dans le marketing. Seul le Droit du Travail ne lui reconnaît pas de définition, comme le précisent les auteurs, avant de conclure : « senior » est une « construction sociale ». Comme l’« âge » est également un « construit social », lit-on plus haut, à la lettre A.
Chacune des 50 notions est ainsi scrutée au microscope. PassAge pioche dans la littérature professionnelle, sociologique, académique, juridique, et même cinématographique.
Une base universitaire, des pratiques professionnelles
Cette vision à 360° est le fruit des débats organisés dans le cadre de la commission « Gestion des âges », animée par le binôme Emilie Bastiani-Guthleber, doctorante à l’EM Strasbourg, et Bruce Roch, directeur RSE d’Adecco France, également vice-président de l’AFMD.
Face à un public issu de l’entreprise (Bouygues, L’Oréal, Orange, SFR…), ils ont abordé la problématique sous différents angles, suggérés par la diversité des secteurs représentés dans l’audience. Ainsi, « les sociétés de transport logistique s’intéressent aux conditions de travail des seniors ; Adecco, à la lutte contre les discriminations ; les banques, au maintien dans l’emploi des personnes à forte ancienneté », rapporte la représentante du monde universitaire, Emilie Bastiani-Guthleber.
PassAge se veut une « palette de notions dans laquelle chacun peut piocher l’information qui l’intéresse », poursuit-elle. C’est justement face à « l’étendue de la question et à ses nombreux angles d’attaque » que la forme de l’abécédaire a été retenue.
J comme jénior ?
A la lettre J, on trouve le néologisme « jénior », dont l’inscription dans le lexique fut sujette à résistance de la part de l’auteure et de certains professionnels. Le terme fait apparaître « une nouvelle catégorie et donc une nouvelle opposition », justifie-t-elle.
Le choix de chacune des notions s’est fait « par voie démocratique », explique la doctorante, avant de préciser : « cette liste est évidemment non-exhaustive et subjective ».
PassAge : un outil de formation
A la création de la commission, « la demande des entreprises était claire : elles voulaient un outil de sensibilisation à destination des managers opérationnels et des responsables RH », rappelle l’auteure. La forme ludique, ni formalisée, ni universitaire, du livret, en libre accès sur le site de l’AFMD, cherche à « susciter la curiosité de tous », poursuit-elle. Le format « fiches synthétiques » permet une lecture verticale. C’est un outil « à poser à côté de soi » et à consulter à l’envie.
Sa généreuse biographie en fait un bon point de départ pour des formations sur la gestion des âges, au cœur du débat sur le vieillissement de la population active. L’AFMD propose aux entreprises d’aborder une notion par semaine.
Le mot « Zen » vient clore l’abécédaire. Un terme qui s’impose comme une conclusion provisoire. La gestion des âges « réinterroge toute l’organisation d’une entreprise. Il faut avancer pas à pas », conseille l’auteure… et rester zen donc.
Typhanie Bouju