Afin de mieux cerner l’évolution des pratiques de l’externalisation des RH, Demos Outsourcing, filiale de Demos spécialisée dans l’externalisation de la gestion de la formation, et l’EOA France (European Outsourcing Association) ont lancé conjointement en septembre dernier une grande enquête sur l’Externalisation des fonctions RH en France. Les résultats ont été présentés le 23 novembre dernier.
Démarche et méthodologie
L’enquête s’est déroulée entre le 21 septembre et le 5 novembre 2010 par un envoi d’emailing à destination des décideurs d’entreprises (DG, DAF, DRH, Responsables paie, recrutement, SIRH et Formation, Acheteurs) de plus de 150 salariés.
Les priorités de la Fonction RH
Des priorités d’ordre stratégique et de paix sociale pour les Directions des RH
Les priorités pour les Directions des Ressources Humaines sont à 81% l’accompagnement des managers, à 66,7% la dynamisation du changement, et à 47,6% le maintien de la paix sociale.
Il apparaît très clairement que les DRH ont des priorités d’ordre stratégique et de paix sociale.
La réduction des coûts quant à elle n’est une priorité que pour 14,3% des répondants, alors que l’externalisation ne l’est que pour 4,8%. Christian Serieys, Président de la Commission BPO & RH à l’EOA insiste sur le fait « qu’il est important de constater que l’externalisation ne soit pas une priorité puisqu’elle constitue plus une réponse à un enjeu qu’une priorité stratégique ».
Si l’on découpe les réponses en fonction de la taille des entreprises, il apparaît que la dynamisation du changement est une priorité majeure pour les grandes entreprises et qu’à l’inverse l’accompagnement des managers est plus important pour les petites entreprises. « Il parait logique que les entreprises moins structurées aient besoin de cela alors que dans les entreprises plus structurées soient un peu moins souples et aient besoin de plus d’agilité », explique Christian Serieys.
Les petites entreprises, quant à elles ont une démarche globale, plutôt opérationnelle puisque leur première priorité (46,2%) est d’assurer la gestion sans faille des tâches administratives en respectant les contraintes juridiques. De leur côté, les entreprises moyennes ont un spectre plus large avec comme préoccupations le recrutement et l’enrichissement des talents.
La formation : un investissement majeur dans les grandes entreprises
Plus de la moitié des entreprises interrogées consacrent au moins 3% de leur masse salariale à la formation. Ces entreprises se situent donc bien au-delà de ce qu’impose la loi.
Globalement pour les grandes entreprises, les budgets formation sont plutôt élevés.
Si pour les entreprises moyennes, la fourchette principale se situe entre 3 et 5% et les plus petites entreprises, quant à elles se situent majoritairement en dessous du minimum légal.
Il apparaît également, comme en 2009, que la formation reste majoritairement une fonction support (70%) ou même une fonction inconnue (6%). Seuls 24% la considèrent comme une fonction stratégique.
Il ressort de cette enquête que la formation est vraiment au service de la performance de chacune des entreprises et qu’elle joue, en ce sens un vrai rôle stratégique. Christian Serieys insiste également sur le fait que « la réduction du coût n’est pas placée dans les priorités des services formation ».
L’externalisation RH : situation et attentes
Une majorité des entreprises interrogées externalisent une autre fonction que les RH (67,4%).
En matière de Ressources Humaines, sans grande surprise, la gestion de la paie, associée à l’externalisation de la gestion des temps arrive en première position avec 34 ,7%. Arrivent ensuite le recrutement et la formation (17,3% ex æquo).
Depuis la dernière enquête, l’externalisation du recrutement a progressé de 12 points.
Les projets d’externalisation du recrutement talonnent désormais la formation et la paie. Pour les projets à venir, le trio de tête reste le même.
L’externalisation de la paie
En matière de paie, on peut constater que le nombre d’entreprises ayant choisi l’externalisation complète auprès d’un prestataire est équivalent au nombre d’entreprises gérant leur paie en local.
Christian Serieys précise que « la notion de CSP (9,5%) est déjà un premier pas de rationalisation, tout comme l’externalisation. Les entreprises choisissent l’un ou l’autre pour aller vers cette cible. La moitié des entreprises sont dans cet état d’esprit. »
Les solutions informatiques
53% des répondants attendent que le prestataire leur fournisse une solution informatique. Les résultats à cette question dépendent de la taille de l’entreprise et de la fonction externalisée. En effet, une grande entreprise dotée d’un SIRH n’aura pas besoin d’un prestataire proposant une solution informatique si elle décide d’externaliser une nouvelle fonction. En revanche une petite entreprise non encore équipée demandera au prestataire de lui fournir cette solution informatique.
Motivation à l’externalisation
Pour 2/3 des personnes interrogées, le fait de pouvoir confier les tâches de back office et de se concentrer sur les tâches à valeur ajoutée est la principale motivation à l’externalisation. 53,3% estiment que la réduction des coûts et l’augmentation de la productivité constituent un des avantages principaux de l’externalisation.
Le fait de bénéficier de conseils d’experts est très important pour 41,3% des répondants et cela peut également permettre au service RH de réaliser des tâches à meilleure valeur ajoutée.
Pour conclure, il apparaît que la décision d’externalisation n’est pas le fruit d’une initiative délibérée de la fonction RH en elle-même. A 40,2%, le facteur ayant déclenché l’externalisation est une décision de la Direction générale d’optimiser le modèle économique et à 32,6% des changements organisationnels dans l’entreprise. L’externalisation peut également, pour 30,4% avoir été déclenchée par la volonté de repositionner le fonction RH au sein de l’entreprise et donc lui permettre de jouer un rôle plus stratégique dans l’entreprise.
Anne-Sophie Duguay