“La génération covid” : cette expression est maintenant sur toutes les bouches. Elle désigne, non sans âpreté, la situation d’une génération “maudite” qui aurait à subir durablement et de plein fouet, les conséquences socio-économiques des mesures de restriction liées à la covid-19. Du côté du marché du travail, le constat est assez clair. Les jeunes non-diplômés sont en tout temps confrontés aux difficultés du marché du travail. Mais les jeunes diplômés sans emploi eux, sont désormais condamnés à une précarité dont il est encore difficile d’analyser l’ampleur et la durée.
Un marché de l’emploi plutôt bien huilé pour nos jeunes diplômés
En 2018, les jeunes diplômés sans emploi n’éprouvaient pas grande difficulté à s’insérer dans le marché du travail. 74% d’entre eux trouvaient un travail dans les 6 mois. Offres abondantes, dynamisme de l’économie : partout, on notait une certaine embellie du marché du travail pour les oisillons qui sautaient de leur nid. Le monde de l’hôtellerie particulièrement – et malgré les troubles sociaux – se portait plutôt bien…
Un article publié aux Echos en septembre 2019 annonçait le chiffre ahurissant suivant : “85% des jeunes diplômés se disaient optimistes pour leur avenir professionnel”. Il vantait “l’abondance” des offres d’emploi tous secteurs confondus et la manière dont ils étaient “bichonnés” par leur employeur.
Et après 2 ans… Tous ces beaux chiffres semblent aujourd’hui quelque peu irréels.
Coronavirus : le coup de massue sur nos jeunes diplômés sans emploi
Car voilà : une pandémie plus loin, les nuages sont réapparus. Pour les jeunes, trouver un job – et ce même après des études supérieures – devient un calvaire particulier. Ne parlons pas des secteurs comme l’événementiel ou encore l’hôtellerie… puisque même ces secteurs habituellement en bonne santé sont affectés et fonctionnent encore au ralenti (comme la communication). Selon l’APEC, le nombre d’offres d’emploi destinées aux jeunes diplômés sans expérience a chuté de près de 39% de janvier à novembre 2020.
Les contrats d’apprentissage n’aboutissent plus aussi naturellement au CDI et les jeunes diplômés se voient condamnés à sauter de CDD en CDD, à l’intérim, ou à se lancer sans conviction dans l’auto-entreprise.
Certains, par crainte de voir leur diplôme déprécié, n’ont d’ailleurs pas hésité à rester une année de plus en faculté pour éviter de finir au bout des rails, complètement démunis.
Partout, on peut lire que les exigences des jeunes diplômés sans emploi sont à la baisse. Ils font des concessions, acceptent leur situation tantôt avec combativité, tantôt avec une pointe de désespoir.
L’image de ces jeunes pourtant qualifiés qui retournent chez leurs parents et enchaînent les petits boulots est parfaite pour représenter la situation de la “génération maudite”. Projets professionnels revus à la baisse, abandon de la recherche exclusive du tant recherché CDI… bref les jeunes diplômés connaissent un moment difficile qui semble s’éterniser.
Malgré une morosité persistante, des perspectives réelles existent
“Deux fois plus nombreux à rechercher un emploi que durant la précédente crise de 2008-2009”, les jeunes diplômés sans emploi n’hésitent plus à faire sauter les tabous auprès de leurs parents et à utiliser une année “tampon”. Nombreux sont ceux qui ont décidé de réduire provisoirement leurs exigences, faute de mieux. L’idée : bénéficier d’expériences professionnelles variées et bien utiles à faire valoir sur le CV quand “tout se tassera”.
Avec la campagne de vaccination et les plans de relance successifs, l’économie reprend enfin son souffle, peu à peu.
Et certaines mesures du plan 1 jeune 1 solution ont été prolongées, comme l’aide aux alternances (faire un lien vers mon dernier article), par exemple. Les employeurs ont d’ailleurs jusqu’au 31 mai 2021 pour pouvoir bénéficier des 4000 euros d’aide à l’embauche des moins de 26 ans. Autant de dispositifs en faveur des jeunes diplômés sans emploi.
Du côté des jeunes, la recherche de l’apprentissage peut donc être une solution de secours. Elle permet aux entreprises de gérer leurs coûts et aux entrants sur le marché du travail de faire valoir leur motivation et d’éviter de subir ce fameux “trou” éliminatoire dans le CV.
Des perspectives encourageantes, de nombreuses options et des solutions existent pour favoriser l’emploi des jeunes et ainsi dynamiser leur insertion socio-professionnelle. Il ne s’agit donc pas de rester collé à l’idée que la “génération covid”, bien que très éprouvée, n’a aucune arme pour se défendre et trouver sa place dans le monde d’aujourd’hui.
Avec les bons outils, il est donc tout à fait possible pour un jeune diplômé de trouver des solutions pour s’épanouir dans le monde du travail.
Génération covid : génération maudite ou génération d’opportunités ?
Avec la sortie progressive du confinement à partir du 19 mai 2021, certains pans de l’économie pourraient connaître un retour en grâce.
La génération covid pourrait donc bénéficier de perspectives plus sereines et enthousiasmantes lors des trimestres à venir. Reste à savoir à quel point la compétition sera dure et le temps qu’il faudra pour que la confiance des opérateurs économiques reprenne durablement…
Virgil Dablon