Le fanzine est une contraction de fan et de magazine, fanzine est donc un magazine de fans. On parle parfois de « webzine », comme magazine du Web, le fanzine serait donc un magazine de fans sur le net, c’est la raison pour laquelle certains parle parfois aussi de « ezine ». Hormis ces différences sémantiques, qu’est-ce que cela change ? Qu’est-ce que cela peut apporter au monde de l’entreprise ? Le fanzine est-elle une mode ou un changement structurant ?
Le fanzine n’est pas une chose nouvelle. Il est apparu dès des années 1930 aux Etats-Unis. Il s’agissait de réunir les fans de sciences fiction. Ces magazines ont vu le jour parce que la science-fiction étaie boudée par la presse officielle et ce sont présenter comme un magazine incorrect des amateurs, un outil de lutte contre la pensée unique, un espace rebelle.
Le fanzine est une façon de lutter contre l’Empire du Bien comme dirait Philippe Murray. En France le premier fanzine est Cybersphère qui a vu le jour en 1995 pour une durée relativement courte, puisqu’il cesse d’exister en 1996, mais le mouvement était lancé.
Qu’est-ce qui différencie un fanzine d’un blog ? Dans les deux cas on retrouve toute une série d’articles plus ou moins longs sur un sujet particulier, et c’est vrai que la différence n’est pas forcément évidente suivant les blogs et les fanzines. La grosse différence vient de l’existence d’une ligne éditoriale qui donne l’orientation générale du fanzine. La ligne éditoriale permet de créer une identité propre et ainsi assurer une cohérence à l’ensemble des contenus.
Avec un blog, il y a un tâtonnement qui peut servir de base à un futur fanzine mais rien d’aussi cohérent. Les frontières ne sont pas que sémantiques, il s’agit avec une ligne éditoriale de définir un engagement un militantisme, comme ce fut le cas dès les origines.
Le fanzine évite ainsi l’enlisement des médias dans le politiquement correct. Et c’est là le première avantage, permettre à des communautés de se réapproprier un média pour nourrir la ligne éditoriale, l’engament de la communauté autour de valeurs spécifiques. Le fanzine est un outil d’engagement de premier ordre. Mais l’outil est plus riche, il permet tout à la fois d’être un marqueur social pour l’engagement mais aussi une façon de fidéliser et de maintenir cet état d’esprit militant. Le fanzine nourrit la communauté en l’informant. Et c’est là l’intérêt pour l’entreprise qui cherche à favoriser l’engagement et la motivation, le fanzine devient un outil de communication interne.
S’agit-il d’un concurrent au journal d’entreprise ? Non, le fanzine ne reprend pas le message de l’ensemble de l’entreprise pour garder un positionnement rebelle, et ainsi assurer la constitution d’une identité de communauté. Ou dit différemment, le fanzine est un outil de communication de l’entreprise 2.0. Il n’y a pas opposition mais complémentarité entre les spécificités des communautés et la coordination, l’agrégateur de communautés. Le journal d’entreprise ou la newsletter est la voix du global. Tout l’enjeu est de faire vivre le spécifique autour des communautés.
L’émergence de se savoir interactif, vivant, mouvant favoriser tout à la fois la motivation car le discours est incarné autour d’une ligne éditoriale, il y a partage de savoir, savoir-faire et savoir-être, assurément le fanzine est un outil pédagogique à part entière qui est une pierre à l’édifice de l’entreprise, communauté apprenante.
Stephane Diebold