Si le télétravail était vu au départ comme le Graal par beaucoup de salariés, comme LA solution miraculeuse qui permettrait de concilier vie privée et vie professionnelle, dans les faits, son application subite et prolongée est loin d’être positive pour tous. Un récent sondage, réalisé par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine a montré que 44% des salariés étaient en situation de détresse psychologique.
Charge mentale pachydermique, multi-tasking, pression, manque de contacts ou encore chômage partiel créent des risques de plus en plus élevés. La crise sanitaire a bousculé notre rapport aux autres, au monde et au travail. Et il serait naïf de penser qu’un simple retour à la normale suffira pour éliminer la détresse psychologique qui harasse les travailleurs aujourd’hui. Petit point sur les solutions à mettre en place pour redresser la barre.
Numéros verts et apéros virtuels, de petits bandages sur de grandes plaies
Si le partage d’un numéro vert et l’organisation d’apéros virtuels s’inscrivent sur la liste des actes louables et bienveillants, ces actions sont malheureusement loin d’être suffisantes pour les salariés. À ce jour, l’état psychologique des collaborateurs s’aggrave de semaine en semaine, malgré ces quelques attentions. Si rien de plus constructif n’est mis en place, rapidement, ce qui est aujourd’hui une sonnette d’alarme risque d’exploser dans un feu de burnouts, de phobies, d’angoisses et/ou de syndromes post-traumatiques. Disons le tout de go : ce serait un scénario catastrophe, tant d’un point de vue humain que sur le plan financier.
Prévenir plutôt que guérir, un adage plus juste que jamais
Avant même d’en venir aux solutions qui pourraient être mises en place, il est important d’être en état d’éveil et d’apprendre à déceler les signes. Comment détecter la situation de détresse psychologique d’un collaborateur ? Si, en général, le gestionnaire se rend compte du problème lorsqu’il observe une baisse des résultats, dans les faits, de nombreux autres signes doivent être pris en considération. En voici quelques exemples :
- Irritabilité ou humeur maussade ;
- Fatigue et désorganisation ;
- Isolement/agressivité ;
- Troubles du sommeil ;
- Perte ou prise de poids ;
Il est important que les gestionnaires et managers soient renseignés sur ces symptômes pour pouvoir prendre des mesures adaptées, dans les meilleurs délais. Si les signes sont là, mieux vaut éviter de les mettre sous le tapis trop longtemps : la conduite d’un entretien avec le collaborateur concerné est une nécessité. L’objectif de cet échange n’est évidemment pas de jouer au docteur ou au psychologue, mais d’aborder sobrement le problème, de montrer votre inquiétude, d’essayer de comprendre l’impact que peut avoir son travail sur sa situation. Dans tous les cas, il sera judicieux d’indiquer qu’il peut se faire aider.
Quelques idées à mettre en place pour lutter contre la morosité ambiante
Si cette période est morose, il faut bien le dire, l’idée n’est pas de se laisser abattre. Au contraire, il faut profiter de ce moment particulier pour remettre certains fonctionnements en question, notamment celui de la sécurité psychologique dans les entreprises. Peut-être est-il temps de créer un programme sérieux à ce sujet, avec des entretiens plus réguliers et une cellule spécifique ? Avez-vous pensé à faire appel aux services d’un psychologue d’entreprise ou aux talents d’un coach pour améliorer l’état d’esprit général ?
Le management n’est pas à l’abri de quelques ajustements temporaires, lui aussi. La souplesse, l’empathie et les échanges informels visant à recréer du lien social sont nécessaires pour garder le cap. Si vous êtes dans la peau d’un dirigeant, il est primordial de vous appliquer sur ces points.
Les travailleurs touchés par une détresse psychologique évoquent de plus en plus souvent un sentiment de solitude. Les moments de relâche et d’échanges simples entre collègues pèsent par leur absence. Il ne faut donc pas hésiter à tout mettre en œuvre pour recréer du lien et du liant, autant que possible, sans se limiter aux apéros virtuels. Toutes les actions de team bonding doivent titiller votre attention. Un escape-game en ligne peut-être ?
Enfin, une sensibilisation générale sur le sujet auprès de l’ensemble des collaborateurs peut être intéressante. Chacun doit être conscient des bonnes pratiques à mettre en oeuvre.
Comme une éclosion après l’ouragan
Vous l’aurez compris, toutes les mesures à mettre en place maintenant pourraient non seulement aider les salariés aujourd’hui, mais également améliorer la sécurité psychologique des collaborateurs à la sortie de cette crise. On parle donc d’une progression qui porte sur plusieurs fronts. Le bien-être des collaborateurs, le maintien des échanges, la qualité de vie au travail et la marque employeur sont sur un même bateau.
Virgil DABLON