Information et formation, étymologiquement ont la même racine. Si formation est mettre en forme, le « in » de information, supposerait, ce qu’il y a dans la forme. Cela a-t-il une réalité ?
Sans vouloir faire trop simple, l’information est une donnée qui peut être captée par l’individu, on parle de données intelligibles. La structuration des informations perçues représente la connaissance, la façon dont nous nous dessinons le monde. La somme de connaissances est un savoir. Une des spécificités du savoir est que c’est une des voies de modification du comportement. La formation, sous son acceptation classique, est donc l’acquisition de savoirs avec un objectif pédagogique prédéfini et un processus ad hoc pour l’attendre. L’information donc est au cœur du processus formatif.
Suite à la cybernétique, on parle souvent d’encodage et de transmission de l’information, entre un émetteur et un récepteur. Dans cette logique, les dysfonctionnements de transmission reposent sur ce qu’on appelle les infopullutions. Aujourd’hui, la principale infopollution est celle de la surinformation, on parle alors d’infobésité, trop d’information tue la capacité de son traitement et donc sa possibilité de transformation en connaissance. Aujourd’hui, on a le monde à porté d’un click, on ne sait plus quoi choisir, il faut donc filtrer les informations intéressantes. Les moteurs de recherches, d’ailleurs, font souvent office de filtres, ce qui est loin d’être neutre. Google choisit pour moi, ce qui interroge sur ses critères de choix, d’autant que le web va devenir sémantique (mais de quel sens parle-t-on ?). Il est a remarqué que la fait de délégué notre capacité de choix de l’information, nous rend dépendant du filtre, et nous infantilise. L’exemple des GPS et des chauffeurs de taxi est significatif. A s’en remettre au GPS, les chauffeurs de taxis ne sont plus capables de mémoriser leur parcours par visualisation par exemple, ils suivent la machine… et pour réduire le risque de défaillance, on les voit souvent avec deux GPS. La connaissance qui ne se confronte plus, est de moins en moins accessible dans la mémoire.
Serait-ce à réduire la formation à un simple processus d’encodage et de stockage de l’information ?
Effectivement les enquêtes montrent que la mémoire joue un rôle important dans la capacité d’apprentissage. Le fait de savoir aborder une information, de la mémoriser par rapport à la structure des informations déjà stocquées constitue un avantage incontestable. Mais doit-on s’arrêter là ? Pas forcément, surtout avec l’apport des TICE, l’électronique peut mémoriser pour nous. L’individu peut externaliser sa mémoire, et d’ailleurs dans des proportions qui dépasse très largement ses capacités physiques. Le stockage de l’information devient moins un problème pour qui veut être formé, que l’accès à l’information. La formation stock laisse place à une formation flux. La connaissance et le savoir sont liés à la connectivité et avec les alertes de type flux RSS, l’actualisation est en temps réel : avoir la bonne information au bon moment.
Les TICE qui portent dans leur intitulés l’importance qu’ils accordent à l’information, ne sauraient se substituer à la formation et ceci pour deux raisons : pour prendre l’information, encore faut-il la comprendre, ce qui nécessite une intelligence, une capacité d’abstraction … voilà un projet formatif ; et, second point, faut-il avoir envie de vouloir la prendre, c’est tout l’enjeu de la motivation. La différence de la qualilté de la formation porte, et portera de plus en plus d’ailleurs, sur ces deux composantes car pour la troisième composante, l’information, elle est de plus en plus gratuite et disponible à profusion.
La conséquence est que la formation devient alors un temps à faire rêver l’intelligence… pour redonner vie à l’information,… de quoi révolutionner la pédagogie.
Stéphane DIEBOLD