A l’ère du tout internet, la notion de réseau, au sens large, n’est pas bien ancrée dans l’esprit des jeunes, adolescents ou tout juste diplômés. Par ailleurs, si les outils du web 2.0 leur sont familiers, ils ne connaissent et n’utilisent pas les réseaux sociaux professionnels. Or, dans un contexte de crise, la gestion de ce réseau devient indispensable pour mener une vie professionnelle la plus fluide possible.
My RH Line a rencontré Jean-Christophe Anna, Consultant en mobilité professionnelle à l’Apec, afin de redéfinir le réseau et comprendre les enjeux de son utilisation dans une recherche d’emploi.
Redéfinition du réseau
Le réseau, au sens large, est constitué de toutes les personnes qui vous entourent tout au long de votre vie privée, sociale (activité sociale, culturelle, sportive…) et professionnelle (collègues, ex collègues, anciens responsables, responsables actuels, clients, fournisseurs).
« Il y a environ 2500 à 3000 personnes qui gravitent autour de chaque personne au cours de la vie », indique Jean-Christophe Anna.
Ce réseau est constitué d’un certain nombre de sous groupes, de familles de réseau.
« Lorsqu’il s’agit de la vie professionnelle, et de la recherche d’emploi, notamment, le réseau est aussi et avant tout un état d’esprit », explique-t-il, « celui de donner pour recevoir, être dans une dynamique gagnant-gagnant.
Lorsque l’on fait vivre son réseau, on donne sans forcément calculer et un jour en principe, on reçoit en retour. Mais ce n’est pas forcément la personne à qui l’on va « donner » qui nous donnera ce retour. (On donne à A, qui va donner à B, qui va donner à C et qui peut-être vous rendra un service un jour.) »
Les réseaux sociaux
Un réseau social sur internet est un outil extraordinaire de gestion de réseau si l’on sait l’utiliser.
Une des fonctions de base des réseaux tels Viadéo ou Linkedin est de matérialiser le réseau sur une plateforme internet. « Ils permettent d’avoir ses contacts à portée de clic et d’avoir un réseau vivant, interactif évoluant au cours de sa vie professionnelle en même temps que soi. Puisque les contacts que l’on a pu regrouper sur une plateforme vont réactualiser leur profil au fur et à mesure de leur carrière, cela permet de suivre l’évolution de son réseau et d’y avoir accès très facilement. »
Les étapes clés d’utilisation du réseau pour trouver un emploi
Informer son entourage direct
La démarche réseau, à proprement parler, est une démarche toute particulière qui consiste à aller solliciter les personnes de son entourage direct (professionnel, social ou privé) qui sont des personnes que l’on connaît déjà.
« Il ne faut pas se contenter de leur dire que l’on cherche un emploi », ajoute-t-il, « car ces personnes ne sont pas toujours au courant des opportunités et ne pensent pas nécessairement à vous tous les jours. La démarche risque donc de s’arrêter là.
La « vraie » démarche réseau consiste à informer ces personnes de votre situation mais surtout de leur demander si elles ne peuvent pas vous aider en vous indiquant des noms de personnes travaillant dans votre domaine, votre secteur d’activité cible et/ou sur votre fonction. Et leur demander si vous pouvez les appeler de leur part. »
Rester maître de son destin, provoquer la chance
C’est alors la personne qui est en recherche d’emploi qui garde la main sur la démarche et qui est maître de son destin. C’est elle qui va provoquer la chance et les opportunités en rencontrant des professionnels tout en étant recommandée.
« Ce n’est pas du tout la même démarche », affirme Jean-Christophe Anna. « Il y a d’un côté, une démarche passive, ce que font 90% des gens, en attendant que les personnes de l’entourage leur proposent quelque chose et de l’autre une démarche pro active où l’on se sert de ce premier réseau de liens forts pour aller vers des personnes qu’on ne connaît pas en commençant par les contacts de ses contacts. De fil en aiguille, on va rencontrer un certain nombre de professionnels que l’on aura sollicités de la part d’un contact direct. »
Transformer la demande en une rencontre entre professionnels
Une fois que l’on a réussi à obtenir un rendez-vous avec un professionnel, il faut lui expliquer que l’on est en train de réfléchir soit à son projet, soit que l’on mène une enquête sur un marché, trouver un prétexte, un motif pour le rencontrer.
« Ce sont des professionnels que l’on sollicite pour qu’ils apportent de l’aide dans une démarche de réflexion sur un projet sur le marché, pour y voir plus clair sur les métiers. Il s’agit finalement d’un échange de professionnel à professionnel », estime Jean-Christophe Anna, « où le demandeur d’emploi peut aussi être apporteur d’informations et échanger sur son point de vue sur le métier, le secteur, le marché car il a été lui-même confronté à des situations comparables.
C’est une démarche marketing d’enquête. Il ne s’agit pas de dire « Je veux travailler avec vous ». Dans ce cas précis, on demande quelque chose que le professionnel est en mesure d’offrir, donc tout sauf un job.
C’est moins agressif. En agissant ainsi, le professionnel va être valorisé. Cette technique fonctionne très bien pour obtenir des entretiens. Cela est valable, pour les cadres mais également pour les jeunes diplômés qui parfois s’impatientent de ne pas obtenir d’entretien, principalement aujourd’hui où le marché est très tendu et encore plus pour les jeunes diplômés. Cela permet de se rendre visible, et chaque fois que l’on rencontre une personne, on profite de cette personne comme d’un tremplin pour en rencontrer d’autres. »
En étant recommandé, on passe d’un contact à l’autre, toutes ces personnes forment le réseau de niveau 2, le réseau indirect. « A un moment donné l’une ou plusieurs d’entre elles vont vous mettre en relation avec un ou des recruteurs potentiels », continue-t-il.
« Il existe des statistiques récurrentes sur le sujet qui indiquent qu’en 50 à 70 contacts on peut avoir jusqu’à 2 ou 3 propositions fermes.
C’est une démarche certes chronophage demande du culot, de prendre son courage à deux mains, de solliciter les personnes mais a des résultats très concrets.
Grâce à cette méthode, on est reçu par une personne qui peut tout de suite juger de la pertinence de la candidature surtout quand elle est elle-même dans la fonction visée et qui va vous garder à l’esprit. Si jamais une personne sollicitée n’a pas tout de suite de besoin pour vous, soit elle vous met en relation avec quelqu’un qui pourrait avoir un besoin soit repensera à vous dans 3 ou 6 mois si elle même a finalement un besoin. »
Entretenir son réseau pendant que l’on est en poste
L’entretien du réseau doit commencer le plus tôt possible et tout au long de la vie.
Très souvent, on ne l’active qu’au pire des moments, celui d’une recherche d’emploi. Si l’on ne sollicite le réseau que lorsque l’on est vraiment demandeur, on est en position d’infériorité par rapport aux personnes sollicitées. Cela rend la démarche beaucoup plus difficile.
Aujourd’hui, les outils internet permettent de matérialiser, de gérer le réseau de manière beaucoup plus efficace et de le voir évoluer. Gérer son réseau signifie à la fois entretenir certaines relations fortes, mais aussi peut-être ne pas rater l’opération des vœux, ou féliciter un membre de son réseau s’il évolue professionnellement. Cela est nettement facilité par l’émergence des réseaux sociaux puisque l’on est informé en temps réels de l’évolution de chacun de ses contacts.
Cela peut également être une bonne idée d’avoir un petit mot sympa quand on voit passer un article ou un témoignage de l’une des personnes de son réseau.
Il est également important de prendre l’habitude de matérialiser son réseau concrètement sur internet. Chaque fois que l’on a rencontré une personne, elle fait désormais partie de votre réseau et il faut donc penser à l’ajouter à vos contacts professionnels sur un outil comme Viadéo.
Anne-Sophie Duguay