La crise sanitaire brutale et imprévisible causée par la Covid-19 a déstabilisé la vie quotidienne et la vie économique de pays du monde entier. Des mesures radicales ont été rapidement mises en place en réponse à la crise, afin de limiter les dégâts. Alors Covid-19 et organisation du travail, quels ont été les impacts et que peut-on entrevoir pour demain ? Le point avec Thierry Bobineau, directeur marketing chez Horoquartz.
Une situation inédite
Tous mobilisés
La crise que nous traversons n’a pas fini de montrer de nouvelles conséquences. Aujourd’hui nous observons deux phénomènes. D’abord, comme toutes les crises, elle agit comme accélérateur des tendances à l’œuvre depuis des années. Le télétravail est un bon exemple. Puis on observe une forte réactivité des acteurs en jeu : les états, le législateur, les entreprises et les salariés.
La loi du 23 mars 2020 est une illustration de ce phénomène. Elle apporte des dérogations très structurantes au Code du travail pour certains secteurs d’activité. En dehors d’un contexte de crise, combien d’années de négociation avec les partenaires sociaux aurait-il fallu pour imposer de telles évolutions ? Y serait-on arrivé ? ‘Tous mobilisés’ est un slogan gouvernemental, mais il reflète malgré tout une réalité.
Une crise inédite et inégale
Les précédentes crises sanitaires comme Ebola ou la crise du H1N1 n’ont pas eu la même ampleur sur une échelle mondiale. Ces dernières années, nous avons plutôt été confrontés à des crises économiques (1991, 2008), qui avaient frappé pratiquement tous les secteurs économiques. Ici, certains secteurs sont très touchés (aérien, aéronautique, événementiel, tourisme, restauration….). D’autres se maintiennent et d’autres se développent (ecommerce, GAFA, agro, logistique….).
Covid-19 et organisation du travail : quelles conséquences ?
Des répercussions immédiates sur l’organisation du travail
Si on se réfère, pour la France, à la crise de 1993 et à celle de 2008, on est frappé par l’impact immédiat de cette crise sur l’organisation du travail. Les précédentes crises s’étaient traduites par une montée du chômage, mais n’avaient pas changé fondamentalement l’organisation du travail. Celle-ci est une crise économique aussi, mais avant tout sanitaire. Les conséquences ont été visibles immédiatement. On les a vu pour les secteurs en surchauffe où le Code du travail a été relégué au second plan pour faire face à l’urgence, mais aussi pour les secteurs en sous-activité avec 12 M de salariés en chômage partiel.
Covid-19 et organisation du travail, des traductions concrètes
1 – Le télétravail
C’est le sujet le plus médiatisé. Dans ce contexte, certaines entreprises qui n’avaient jamais pratiqué le télétravail avant ont basculé en 100% télétravail pour des milliers de salariés. D’ailleurs 45% des entreprises ne pratiquaient pas le télétravail avant la crise.
2 – Le chômage partiel
Autre grand changement dans l’organisation du travail. 12,7 M de Français étaient concernés au plus haut du pic, mais le chiffre serait moindre, 8,6 M d’après la DARES. La grande différence avec les crises précédentes est que le chômage partiel s’inscrit comme une mode de gestion dans la durée.
3 – Les horaires de travail
De nombreux aménagements d’horaires de travail ont été observés, à la fois pour des raisons sanitaires et pour s’adapter à des variations de charge ou des contraintes du personnel.
4 – La souplesse
Difficultés de transport, problèmes logistiques, gardes d’enfants ces conséquences de la crise ont été gérées à chaud, de façon humaine avec une souplesse étonnante.
5 – Le management
Dans un contexte de crise, le management fait partie des lignes qui ont été les plus bousculées et déstabilisés. Le management n’était pas forcément préparé à une telle situation.