Que reste-t-il des restaurants d’entreprise lorsqu’une partie des employés est en télétravail et que les contraintes sanitaires empêchent les regroupements ? Pour lutter contre la propagation du Coronavirus, bon nombre d’entreprises doivent se réorganiser en interne et proposer d’autres formules de pause déjeuner à leurs salariés. Finis les buffets, le self, le libre-service et les retrouvailles à la cantine… Désormais, au bureau, les salariés se familiarisent avec les frigos connectés, et à la maison, les télétravailleurs profitent des repas livrés subventionnés par les entreprises. Retour sur les concepts innovants qui remplacent petit à petit les restaurants d’entreprise et qui font vivre aux employés de toutes nouvelles expériences.
Les restaurants d’entreprise, largement impactés par les mesures sanitaires
Depuis fin août, le “Protocole pour assurer la santé et la sécurité des salariés face à l’épidémie de Covid-19” demande aux restaurants d’entreprise de respecter les distanciations, d’aménager leurs horaires, de prévoir un marquage au sol, des panneaux de plexiglass, un sens unique… Sodexo, Elior, et Compass, les trois géants du secteur, ont dû redoubler de créativité pour proposer des alternatives aux cantines traditionnelles. Celles-ci ne pouvant désormais accueillir que la moitié des salariés, Sodexo a commencé à proposer des solutions de restauration à domicile grâce à la société Foodchéri, déjà experte en la matière, rachetée par Sodexo en 2018. D’après Valérie Sansot, Directrice Marketing Services aux entreprises chez Sodexo, pour les salariés qui viennent au bureau, il y aura même une “offre prête à dîner, à emporter le soir à leur domicile, pour la réchauffer à midi le lendemain, lorsqu’ils seront en télétravail« .
Toutefois, « il y aura toujours un besoin de restauration sur site, même si une partie des employés sont en télétravail. Qu’il s’agisse de zones tertiaires en périphérie ou de sites industriels, le besoin d’accès à une restauration équilibrée à des prix défiants toute concurrence va perdurer », explique-t-elle. C’est dans cette optique que Sodexo a lancé une application pour que chaque salarié puisse réserver un créneau à la cantine. Elior, de son côté, a développé des services de “click and collect” pour tous les collaborateurs qui choisissent de déjeuner à leur bureau. Chaque collaborateur peut alors commander son plat et venir le chercher sur des lieux de retrait décentralisés. Le “click and serve”, en revanche, fonctionne comme un room service : le plat est livré devant le bureau !
Les jeunes pousses qui modernisent les restaurants d’entreprise
Plusieurs jeunes entreprises, telles que PopChef, Foodles et i-lunch, avaient pressenti cette transformation dans le monde du travail et proposent depuis quelques années déjà des offres innovantes, dont la popularité n’a cessé de croître pendant la crise. Leurs cantines digitales, des distributeurs automatiques nouvelle génération, proposent des repas variés, équilibrés, bons et à des prix attractifs. Les recettes changent toutes les semaines et sont imaginées avec des chefs ou des traiteurs français. Grâce à son badge, le salarié déverrouille le frigo connecté et récupère son repas, qui aura été déposé dans le frigo le matin même. Les équipes de PopChef sont même allées jusqu’à développer un outil pour ouvrir la machine avec le coude, Covid oblige.
À cette offre de frigos connectés, la cantine digitale zéro déchet, i-lunch, a choisi d’ajouter la livraison de plats chez les salariés télétravailleurs. Baptisée “Télé-restau”, cette “première cantine des travailleurs”, promet une livraison de repas sains au quotidien, subventionnés par l’entreprise. Et tous les livreurs sont en CDI, formés à la livraison “covid compatible”. Ici encore, les fruits et légumes sont frais, de saison, les viandes sont françaises et le circuit court est toujours privilégié. Les plats sont même validés en amont par une diététicienne et les employés peuvent bénéficier d’un suivi nutritionnel personnalisé en ligne. Une solution saine, pour le bien-être des salariés (QVCT anciennement QVT), pensée sur le long terme par la jeune fondatrice Victoria Benhaim.
Philippine SANDER