Mettre ses activités au service du bien commun et de façon inconditionnelle : voilà la mission principale de “l’entreprise altruiste”, selon Isaac Getz et Laurent Marbacher. Leur ouvrage L’entreprise altruiste (Albin Michel, 2019) résonne particulièrement en ces temps de crise économique et sanitaire. L’occasion de revenir sur cette philosophie d’entreprise.
L’entreprise altruiste : l’humain avant le profit
“Que se passe-t-il dans les entreprises où les relations à des interlocuteurs externes, que ce soient des clients ou des fournisseurs, sont fondées sur un respect de l’autre, une prise de considération de l’autre en tant qu’être humain, au-delà du fait d’être un simple agent économique ?” C’est cette quête qui a animé Isaac Getz et Laurent Marchaber pour écrire leur livre. Alors que les entreprises dites traditionnelles privilégient le profit, les entreprises altruistes parient sur leurs salariés, clients, fournisseurs et communautés locales. Ici, l’ordre a toute son importance : il s’agit en premier lieu de prendre soin de ses salariés, qui à leur tour prendront soin des clients et fournisseurs. Il s’agit bien de “prendre soin”, de servir ses salariés sans condition, sans rien attendre en retour.
L’ entreprise altruiste est une entreprise authentique porteuse d’une vision, d’une raison d’être, qui recherche d’abord une performance de valeur sociale. La performance financière n’est qu’une conséquence, soulignent les deux auteurs. Attention, les entreprises dites altruistes ne sont pour autant pas à confondre avec les entreprises philanthropiques puisqu’elles ne font pas des dons désintéressés.
Les entreprises altruistes s’en sortent mieux pendant les crises
L’avantage de cette philosophie altruiste, c’est de défier les crises main dans la main avec ses interlocuteurs. De telle manière que chaque client et chaque fournisseur est considéré comme un véritable partenaire. En agissant de cette manière solidaire lors de périodes difficiles, l’entreprise gagne alors en confiance et en crédibilité auprès de ses communautés. Et les clients et fournisseurs s’en souviennent sur le long terme. Par conséquent, souvent, une entreprise altruiste s’en sort mieux pendant la crise, et quand la crise se termine.
À l’instar de SEW-USocome, une PME industrielle du nord de l’Alsace, qui lors de la crise de 2008 a été la seule entreprise de la région à ne pas procéder au chômage partiel malgré une baisse de 30% de son carnet de commande. L’alternative choisie ? Baisser les salaires les plus hauts (ceux des dirigeants, managers, commerciaux) puis informer en direct les salariés sur les chiffres du jour par rapport à ceux de l’année précédente, à l’aide d’un grand tableau dans les bureaux. Cette transparence a poussé les salariés à vivre sur l’essentiel et à entreprendre des projets en interne pour améliorer la situation.
Pour Isaac Getz et Laurent Marbacher, il ne suffit pas de développer des initiatives ponctuellement, uniquement lors de crises mais d’insuffler une plus grande part d’humanité à l’entreprise, tout au long de l’année. C’est en agissant de telle manière que le coeur de métier a des chances d’être préservé.
Philippine SANDER