Le marché de l’emploi à l’été 2020 commence à reprendre des couleurs, mais il ne se relève pas facilement après la crise. Alors que le nombre d’embauches a chuté lors du premier semestre à cause du coronavirus, certains secteurs ont relancé les recrutements. Zoom sur les chiffres de l’emploi et de l’activité économique.
Une forte baisse sur le marché de l’emploi entre janvier et avril
Selon les chiffres publiés par l’entreprise Flatchr dans le cadre d’une étude réalisée entre le 1er janvier et le 30 juin 2020 sur un échantillon de 200 entreprises en France, le nombre moyen d’offres publiées a atteint son plus bas niveau en avril 2020. Une donnée qui n’étonnera personne étant donné que nous étions en plein cœur du confinement. Ainsi, nous avons connu entre janvier et avril une baisse de 49% des offres d’emploi publiées, passant d’une moyenne de 7 offres d’emploi par mois et par entreprise en janvier contre 3,6 en avril.
Une donnée nous éclaire toutefois sur la reprise de l’activité économique : les chiffres de juin. En effet, on note une augmentation de 67% du nombre d’offres d’emploi publiées en juin par rapport à avril pour revenir à un niveau équivalent à celui de février. Ces chiffres montrent que les entreprises ont confiance en l’avenir et reprennent leurs recrutements, avec notamment 3⁄4 de CDI. Du côté des candidats, la période de confinement et le chômage qu’elle a entraîné a eu un impact significatif sur les postulations puisque ces dernières ont augmenté de 159% en avril et mai avec en moyenne 32,5 CVs reçus par offres d’emploi.
Les signes de reprises de l’activité économique se multiplient
Le climat des affaires calculé par l’Insee a progressé de 7 points en juillet et le recours des entreprises à l’activité partielle décroît nettement.
Lors du débat d’orientation des finances publiques à l’Assemblée nationale, Bruno Le Maire a salué de « bons résultats » mais que les prévisions de croissance de l’économie française pour 2020 restaient inchangées. « Si nous accélérons la mise en place des mesures déjà décidées, si nous veillons à leur bonne exécution, nous pouvons avoir dès 2020 un chiffre meilleur que les -11 % » prévus, a-t-il indiqué. La prévision de hausse du PIB pour 2021, de +8 %, est à prendre avec beaucoup de prudence ». L’objectif du ministre des Finances est désormais « de retrouver un niveau d’activité proche de celui d’avant crise en 2022 ».
La reprise de l’activité est confirmée par Eliot Kerr, économiste chez IHS Markit : « la demande intérieure commence enfin à reprendre, un nombre croissant d’entreprises reprenant leurs activités, tandis que les dépenses des consommateurs commencent à retrouver des niveaux plus habituels ».
Les entreprises relancent les recrutements
Les PME françaises s’attendent globalement à une chute de 15 % de leur chiffre d’affaires en 2020. Toutefois, leur trésorerie résiste étonnamment bien selon une enquête publiée par Bpifrance puisque 33% des dirigeants estiment qu’elle est suffisante pour affronter la crise. Les entreprises ont donc mis en place des campagnes de recrutement pour mieux relancer leur activité.
« Il y a eu une reprise des recrutements, mais le vrai redémarrage a été en juin » constate David Beaurepaire, qui précise toutefois qu’il ne faut pas « conclure à un retour à la normale, parce qu’il y a des recrutements et des créations de postes qui datent d’avant le confinement et qui ont simplement été reportés. » C’est le cas notamment du secteur de l’hôtellerie-restauration qui a dû tout stopper et reprend maintenant l’activité là où elle a été interrompue.
Parmi les secteurs qui devraient recruter, on retrouve aussi les sociétés de services (sécurité et nettoyage des entreprises), le transport, la logistique, l’industrie agroalimentaire et l’automobile qui ont tous besoin d’une reprise rapide.
Enfin, il ne faut pas oublier le recours aux contrats en alternance puisque 67 % des entreprises envisagent de recruter un alternant dans les 6 mois, grâce notamment aux aides accordées par l’État en cas d’embauche d’un jeune en apprentissage.
La reprise après le choc ?
Afin de bien comprendre et de mettre en perspective les chiffres et les tendances du marché de l’emploi à l’été 2020, il est intéressant de comparer les données fournies par la DARES (Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques) et celles du Baromètre Golden Bees du marché de l’emploi en ligne.
Le volume des offres d’emploi repart à la hausse
Pour commencer sur une note positive, il faut noter que le volume global d’offres d’emploi a augmenté d’environ 17 % les mois de mai et de juin 2020. Ce chiffre est modéré mais il reste très rassurant en comparaison de la baisse de 82 % (!) du nombre d’offres d’emploi entre mars et avril.
Côté candidats, l’effet “montagnes russes” est moindre, même si le nombre de candidatures a tout de même augmenté de 10,2 % entre mai et juin 2020.
Le Baromètre Golden Bees du marché de l’emploi en ligne fournit un élément clé pour bien comprendre les tendances de recrutement des entreprises : la part des CDI parmi les offres a baissé de 3,8 % entre le premier et le second trimestre 2020, alors que les CDD et les offres d’alternance ont augmenté respectivement de 3,4 % et de 0,8%. La part des offres en CDI est par ailleurs repartie à la hausse début juillet selon la DARES.
Autre signe de la reprise, le baromètre Golden Bees démontre que le nombre d’offres a connu une croissance progressive sur tout le second trimestre 2020. Au total, en cumulé sur toute la période, ce sont 1,2 million d’offres qui ont été proposées, ce qui peut sembler important mais qui est encore inférieur au niveau d’avant mars.
En effet, du 13 au 19 juillet selon un panel d’une quinzaine de sites suivis par la DARES, le nombre d’offres d’emploi publiées en ligne était à 82 % du niveau pré-confinement. Un retour au niveau d’avant-crise lent, mais prometteur.
Une forte baisse des demandes d’inscriptions à Pôle emploi
Les demandes d’inscription hebdomadaires à Pôle emploi sont de retour à la “normale”, voire même à des niveaux inférieurs à ceux des années précédentes selon la DARES. Avec 86 800 demandes d’inscription de demandeurs d’emploi entre le 5 et le 11 juillet, c’est une forte baisse par rapport à la même semaine de l’année 2019 (-7,8 %) et plus encore par rapport aux premières semaines du confinement où les chiffres avoisinaient les 100 000 demandes hebdomadaires.
Sur le mois de juin, le nombre de demandes d’inscription était même en baisse sur le même mois en 2019, environ -12,1 %.
Une reprise du recrutement variable selon les métiers sur le marché du travail à l’été 2020
Les métiers liés au service à la personne sont à l’été particulièrement recherchés depuis le début de la crise et au-delà : garde d’enfants, ménage, livraison à domicile, etc.
Ceux de l’informatique, déjà en tension depuis des années, ont également été très en demande et continuent à l’être : développeurs, réparateurs informatiques, webmarketers, etc.
Concernant les métiers moins recrutés depuis la crise, même si le recul du nombre d’offres concerne la majorité des postes, c’est dans la santé (-43 %) ainsi que les services aux particuliers et aux collectivités (-41 %) que les gels des recrutements se font le plus sentir.
Si l’ensemble du marché de l’emploi regagne en énergie, il n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant-crise et tous les métiers ne sont pas logés à la même enseigne. Heureusement, le mois d’avril est désormais loin derrière.
Brice SCHWARTZ & Clément KOLODZIEJCZAK