Malgré un déconfinement de plus en plus détendu, la crise du coronavirus continue de marquer les ressources humaines. Pour la French tech, les modes de travail à distance continuent de faire leurs preuves, mais pas que. Retour sur la question startups et confinement avec Mathilde Callède, Directrice RH and Culture chez Shine, la banque en ligne pour les freelances et entrepreneurs.
Comment s’est passé le déconfinement chez Shine, avez-vous rouvert les bureaux ?
Nous avons ouvert les bureaux aux collaborateurs de manière très progressive depuis le 11 mai (lundi). Nous ouvrons les locaux à 5 personnes par jour sur la base du volontariat.
Combien de personnes ont exprimé le besoin de revenir dans les bureaux ?
De façon assez surprenante, personne n’a exprimé un besoin urgent de revenir au bureau. Je m’attendais vraiment à gérer une liste de personnes prioritaires, mais les collaborateurs se sont tous dit qu’il y avait plus prioritaire qu’eux, ne voulant pas prendre la place de quelqu’un d’autre.
Pour ces personnes retournées au bureau comment s’organise le retour ?
Nous avons privilégié le flex office, ce qui signifie que nous avons deux grands open spaces ou il n’y a pas de bureau attitré. Aujourd’hui face aux enjeux sanitaires qu’on ne peut pas se permettre que les gens soient au même poste. On a essayé de trouver la meilleure manière de permettre aux salariés d’accéder régulièrement aux bureaux. Nous leur demandons de désinfecter leur poste de travail matin et soir, cela en plus du service de ménage quotidien.
Startups et confinement… et congés payés ! Comment avez-vous abordé la question et quelle était votre approche durant la crise ?
Puisque nous avons été assez peu impactés, nous n’avons pas eu besoin de modifier la politique de prise en charge des congés. Les salariés qui avaient posé des congés pendant le confinement et qui ont voulu les annuler ont pu le faire. Parfois cela a pu nous arranger, car nous avons eu des regains d’activité, notamment au service client.
Nous avons aussi rappelé qu’il était important de poser des congés pendant cette période éprouvante, pour souffler. Le télétravail entraîne un risque le surmenage, car il peut être difficile de couper, je pense notamment à la pause déjeuner passée devant l’écran. Après, il faut rester vigilant à ce qu’il y ait toujours eu une continuité de service, mais dans l’ensemble des collaborateurs sont responsabilisés par rapport à cela.
Quel regain d’activité avez-vous eu à gérer pendant le confinement ?
Nous sommes une banque pour les indépendants et les entrepreneurs. Notre mission, c’est d’accompagner et de protéger les indépendants, la on est plus que jamais allé chercher les bonnes informations et de les expliquer de la manière la plus simple possible. Beaucoup de mesures sont sorties pendant le confinement, nous avons mobilisé nos efforts pour aider nos clients à traverser la crise. Cela s’est traduit par beaucoup de contenus à produire, un simulateur, etc. Nous avons même accéléré sur notre offre pour assurer ses factures, etc. Il y a eu plus de demandes que d’habitude au niveau de la gestion de la communauté et au niveau du service client. L’équipe qui gère les opérations, la communauté, les développeurs, tout le monde était sur le pont pour venir en aide aux indépendants. Il y a vraiment eu une mission d’entreprise qui est entrée en jeu.
Quelles mesures RH avez-vous mis en place ?
Le plus marquant a été le fait de démultiplier la communication pour parer au risque d’isolement. Par exemple, la réunion mensuelle est devenue hebdomadaire. Tous nos appels sont faits le plus possible par visioconférence pour garder un maximum de contact humain. Ce qui m’a vraiment frappé c’est la fréquence des one-to-one par visioconférence, plutôt que des réunions. Je pense même que certaines équipes en ont tiré une nouvelle manière de travailler et de se rapprocher. Il y a tout de même un énorme risque d’isolement qui persiste.
Le gros enjeu a été de maintenir la vie de bureau. On a mis en place un café du matin et celui du midi avec des réunions virtuelles automatiquement programmées a 9h20 et 13h30, auxquelles les salariés peuvent se connecter. On a des sessions cuisine un soir de semaine pour suivre tous ensemble une recette, un jeu de tirage au sort par équipe, des actions comme celle-ci pour multiplier les points de contact. En somme, conserver quelque chose de ludique, car je pense que le jeu permet aussi de sortir de l’anxiété.
Nous conservons toutes ces réunions formelles et informelles jusqu’à nouvel ordre puis augmenterons progressivement les effectifs dans les locaux si tout se passe bien.
Quelles leçons tirez-vous de cette expérience de ce confinement ?
Chez Shine, il a toujours été possible de faire du télétravail, mais nous n’avions jamais fait l’expérience de toute l’entreprise en télétravail, cette expérience nous a prouvé que nous étions capables de le faire. La première semaine, je me suis demandé à quoi cela ressemblerait. Nous avions la chance d’avoir des outils, Zoom, Slack, etc ; ce n’est pas la même chose de gérer, 30 % et 100 % des effectifs en télétravail. Je ne parle que de l’aspect technique, car l’isolement a certainement fait souffrir certaines personnes et nous n’en connaissons pas encore les conséquences. À l’avenir, je pense qu’on aura toujours plus de télétravail et cette expérience nous a permis de nous armer pour le faire. Par ailleurs, je vais aussi me pencher sur le full-remote car je m’attends a ce qu’il y ait des gens qui aient envie de faire cela a long terme.
Je retiens surtout l’engagement de la part des collaborateurs qui a été impressionnant, une belle solidarité d’équipe.
Mai TREBUIL