Tribune Libre
Sans alimenter la polémique, Frédéric Lapras, Président de R.Flex Progiciel, éditeur de solutions e-RH, répond à certaines inquiétudes des recruteurs quant à la complexité et aux difficultés de mise en œuvre du CV anonyme.
Trois ans après son ins tauration par la loi sur l’Égalité des Chances adoptée le 2 avril 2006 mais resté marginal faute de décret d’application, le CV anonyme fait à nouveau parler de lui au détour de l’expérimentation sur 6 mois, dans une cinquantaine d’entreprises, souhaitée par le Commissaire à la Diversité et à l’Égalité des Chances Yazid Sabeg. Sans alimenter la polémique, Frédéric Lapras, Président de R.Flex Progiciel, éditeur de solutions e-RH, répond à certaines inquiétudes des recruteurs quant à la complexité et aux difficultés de mise en œuvre du CV anonyme.
Les technologies pour mettre en œuvre le CV anonyme sont prêtes et fiables
Évoquer le CV anonyme est une véritable gageure : immédiatement le sujet fait débat et les esprits s’échauffent. Pourtant, parmi les écueils reprochés à l’anonymisation du CV, nombreux sont ceux à être de simples idées reçues. Depuis l’adoption de la loi sur l’Égalité des Chances en 2006, certains éditeurs de solutions de recrutement en ligne se sont en effet préparés, conformément aux attentes des entreprises et à leurs processus et contraintes de recrutement.
Pendant longtemps, l’anonymisation des candidatures posait un réel problème d’organisation à l’entreprise. Comment travailler sur un CV réel (outil indispensable à toute sélection) sans dépenser une énergie considérable pour masquer les données potentiellement discriminantes (nom, âge, sexe, lieu de résidence, e-mail, handicap, etc.) ? Sauf à utiliser en amont une étape de traitement administratif lourd et à faible valeur ajoutée, et donc à modifier le processus de recrutement, rien ne permettait à l’entreprise de mettre en place facilement ce type de dispositif.
Aujourd’hui, les technologies ont évolué et, grâce à une augmentation de la puissance de calcul des ordinateurs, des solutions innovantes sont capables d’anonymiser un CV de façon entièrement automatisée, en temps réel, remplaçant les critères potentiellement discriminants par une série de caractères alphanumériques.
Ainsi, jusqu’à la convocation des candidats, l’entreprise analyse les CV dans leur format d’origine, mais avec les données personnelles masquées. Elle ne modifie ainsi en rien son processus de recrutement, les données d’état civil ne réapparaissant que pour l’entretien.
Du coté des candidats, ils adressent simplement leur CV aux recruteurs sans changer leurs habitudes.
Quant à la complexité de mise en œuvre, c’est également une idée fausse : aussi simples que rapides à intégrer, les solutions d’anonymisation du CV peuvent être opérationnelles en quelques semaines, sans qu’il soit nécessaire de revoir entièrement le système d’information RH des entreprises. Grâce à ces technologies, toutes les entreprises sont donc, à ce jour, potentiellement prêtes pour le CV anonyme.
Une réponse à la pénurie de main d’œuvre dans certains secteurs
On le constate de plus en plus, les salariés et les futurs embauchés, notamment les plus jeunes d’entre eux (jeunes diplômés et trentenaires), sont très sensibles à la diversité, à l’égalité des chances face à l’emploi, et plus généralement à l’idée d’entreprises plus humanistes et citoyennes qu’auparavant. Les premiers recruteurs à réagir et à introduire le CV anonyme dans leurs processus de recrutement bénéficieront donc sans aucun doute d’une meilleure « image employeur ».
Dans certains secteurs, gravement touchés par la pénurie de main d’œuvre, l’adoption du CV anonyme favorisera ainsi le nombre de candidatures, tout en diminuant les risques de discrimination liés à l’âge (de loin le principal critère discriminatoire sur le marché de l’emploi), au sexe, aux origines ou encore à la présence d’un handicap.
La technologie seule ne suffira pas, mais elle aidera
Bien sûr, l’anonymisation du CV n’est pas le remède miracle contre la discrimination à l’embauche, quelles qu’en soient les raisons, et les étapes suivantes (levée de l’anonymat, entretien) seront autant de risques de dérapages. Il est donc indispensable d’insérer le projet de CV anonyme dans une démarche plus large d’humanisation de l’entreprise et de changement des mentalités. Et pour s’assurer des résultats, nos solutions de e-recrutement, embarquant les technologies d’anonymisation du CV, s’accompagnent d’outils de reporting précis, qui permettent d’identifier les « bonnes ou les moins bonnes » pratiques (rendez-vous annulés suite à la levée de l’anonymat, typologie de personnes rencontrées, etc.).S’il est évident que l’on ne peut rester inactif face à cette réalité socio culturelle qu’est la discrimination à l’embauche parce qu’elle est profondément injuste et anti républicaine, oui le CV anonyme et une première étape et un signe fort d’une volonté d’agir…