Retour en arrière, aux années lycée. Voici quelques indices sur le syndrome de Pénélope : Pénélope, reine d’Ithaque, épouse d’Ulysse… cela vous rappelle des souvenirs ? Elle attendit son mari pendant 20 ans (les mauvaises langues diront qu’aujourd’hui, on n’attend guère plus de 20 jours !), déclinant les offres de nombreux prétendants (114 en tout !) qui ne cessèrent de lui dire que son mari était mort, la pressant de se remarier. C’est là que Pénélope, très astucieuse par ailleurs, inventa un stratagème pour lui permettre de les tenir à l’écart. Elle s’engage à se remarier uniquement lorsqu’elle aura terminé de confectionner la toile funéraire de son beau-père. Avec l’aide de ses servantes, Pénélope tisse le jour … et défait la nuit la portion de tissu qu’elle a confectionnée quelques heures plus tôt. Oui, l’expression « toile de Pénélope » est une action qui … ne mène nulle part. Il en est de même pour l’expression « un travail de Pénélope ». Un travail continuellement recommencé qui n’aboutira jamais. Un peu comme le repassage… Mais revenons aux choses sérieuses…
Pour revenir à nos moutons, enfin, à la Guerre de Troie et donc à Pénélope et son mari absent pendant un bon moment, ce dernier revient enfin à la maison. Il tue tous les prétendants avec son arc et… devinez la suite : il renoue avec son épouse. Belle histoire, non ?
Le syndrome de Pénélope, qu’est-ce que c’est exactement ?
L’histoire de Pénélope, même si elle émane d’une légende et du monde d’Homère, donne son nom à un syndrome qui existe bel et bien : le syndrome de Pénélope.
Kézako ? Le syndrome de Pénélope, c’est l’urgence que l’on ressent de jeter tout ce que l’on est en train d’accomplir par la fenêtre et de le refaire sans cesse, sous le poids d’une forme de pression extérieure. Lorsqu’on est atteint par le syndrome de Pénélope, on fait, on défait et on refait pour finaliser, améliorer, rétablir et réussir. Pas pour tenir de quelconques prétendants à l’écart ! On pourrait comparer le syndrome de Pénélope à une forme de perfectionnisme qui, au final, est nocif et destructeur. Un processus sans fin qui survient sous le poids de la pression sociale…
Comment se traduit le syndrome de Pénélope au travail ?
Le syndrome de Pénélope a cela de dangereux, qu’il s’immisce dans tous les domaines : amour, vie quotidienne et travail. Dans le cadre du travail, le syndrome de Pénélope affecte les individus à tous les rangs de la hiérarchie. Chez les managers, on voit des comportements détruire des châteaux construits au gré de l’intelligence et du bon sens. Par exemple, lorsqu’un responsable souhaite impulser une nouvelle dynamique à son entreprise, multipliant à outrance les innovations et les projets en les accompagnant de réorganisations à répétition. A cela se mêle un comportement agressif, voire même insultant par rapport à ses salariés… Résultat : aucun projet n’arrive à terme, les objectifs ne sont pas accomplis et rien n’aboutit. Les projets, quant à eux, se multiplient sans cesse, avec bien entendu, la création de nouveaux postes, de nouvelles nominations…
Le syndrome de Pénélope aboutit à un process répété et cyclique qui pourrait l’apparenter à une routine. La seule différence est que la fonction de ce travail ne crée aucune valeur d’usage ou d’échange. Il n’a aucune finalité. En d’autres termes, un travail de Pénélope est un travail non productif qui va complètement à l’encontre de la définition que nous avons du travail. Il reste néanmoins un travail, puisqu’il demande une activité de la part de celui qui est touché. La question à se poser ici est la suivante : travailler sans but, sans productivité, à quoi cela sert-il à long terme ?
Marilyn GUILLAUME et Laurène BOUSSÉ