Alors que se dessine une pénurie d’ingénieurs en informatique en France, les entreprises doivent rivaliser d’ingéniosité pour trouver les talents et les retenir une fois qu’ils sont intégrés. Malgré tout, celles-ci considèrent qu’il reste encore beaucoup à faire que ce soit en termes de formation ou de promotion du secteur IT.
Un problème de sourcing
Où rechercher ses futurs collaborateurs ? C’est la première question que se posent toutes les entreprises qui désirent embaucher des ingénieurs en informatique. Alors que se multiplient les sites Web généralistes, les profils spécifiques se font quant à eux, de plus en plus rares. EBP et FWA ont tous tenté leur chance sur ce type de plateforme mais sans rencontrer de réel succès.
Pierre Chaussée, Directeur Technique et associé de FWA en a fait l’expérience : « Lorsque l’on publie une offre qui concerne le marketing, on obtient facilement 300 réponses. On est en revanche plus près de zéro lorsqu’il s’agit de développeurs ! ».
Dans ces conditions, il est nécessaire d’aller chasser sur d’autres terrains. Les solutions ne manquent pas mais ne sont pas toujours adaptées.
Tous ont essayé les chasseurs de tête mais le bilan s’avère identique. Le marché français étant en pleine pénurie, les agences de recrutement rencontrent les mêmes difficultés que les entreprises. Et cette solution demande des budgets très importants.
Court-circuiter le marché est donc devenu essentiel. Il s’agit aujourd’hui d’aller chercher les talents de demain directement au cœur des écoles. Cette stratégie a toutefois ses limites puisque la concurrence y est importante. C’est aussi beaucoup de temps passé à nouer des partenariats et intervenir auprès des élèves pour des résultats qui sont souvent en dessous des espérances.
Chez EBP l’avis est plus mitigé. Marc-Antoine Poisson, Directeur des Ressources Humaines constate que « l’alternance est un bon levier, mais les candidats manquent souvent de maturité professionnelle et, le nombre de projets que doit gérer l’entreprise la conduit à se tourner vers des candidats ‘prêts à l’emploi’ ».
La solution privilégiée par les 2 sociétés consiste à passer par la cooptation. Les collaborateurs font ainsi appel à leurs connaissances et sont motivés à le faire par des primes. C’est un concept qui permet de raccourcir les délais du processus de recrutement, il peut monter jusqu’à 6 mois dans certains cas.
Pierre Chaussée de FWA apporte toutefois une nuance en indiquant que « cette technique n’est pas infinie et ne fonctionne qu’à certaines périodes de l’année. »
Les formations sont-elles les bonnes ?
Les cursus d’ingénieurs, étalés sur 5 ans sont des formations intéressantes. Ils permettent à ceux qui en sont issus d’acquérir des réflexes essentiels au travail en entreprise. Ils ont en général une bonne capacité d’adaptation, une rapidité à trouver l’information et une bonne capacité à trouver des solutions.
Néanmoins, ces formations ne correspondent pas forcément aux technologies utilisées sur le marché du travail et donc aux attentes des entreprises.
Ainsi, chez FWA, on a accepté le fait qu’un développeur ne soit pas prêt à sa sortie d’école, que pendant un certain nombre de mois le point de « rentabilité » ne sera pas atteint et que pendant cette période, il va falloir le former continuellement à la fois aux technologies et aux méthodologies.
Marc-Antoine Poisson constate que les ingénieurs qu’il reçoit manquent de formations sur les technologies qu’utilise EBP. « Nous travaillons essentiellement sur les technologies Microsoft (C#, ASP.Net, Xamarin) qui ne sont plus enseignées dans les écoles et malheureusement, nous n’avons pas la possibilité de former les nouvelles recrues en interne. »EBP a mis en place un processus de recrutement qui comprend une demi-journée de test pour connaitre le niveau des candidats et effectuer une première sélection.
Chez FWA on partage le même avis : « La France manque de développeurs formés aux attentes des entreprises même si on loue la démarche de Microsoft qui incite les jeunes à passer des certifications. »
Retenir ses collaborateurs
Lorsque les collaborateurs sont intégrés à la société, il se pose la question de savoir comment les retenir. Salaires attractifs ? Aménagement des conditions de travail ? Missions à forte valeur ajoutée ? Opportunités de carrières ?
Le constat est unanime : les ingénieurs coûtent vite très cher. C’est la loi d’un marché sur lequel la demande est abondante et l’offre encore un peu timide voire inadaptée. La solution qui s’offre pour les PME consiste donc à se démarquer des grands groupes en proposant des opportunités qui vont au-delà du salaire.
Dans ce domaine, FWA a fait le choix d’opter pour le télétravail de manière à ce que les collaborateurs puissent concilier vies professionnelle et personnelle. Pierre Chaussée note que « c’est une disposition qui joue en termes d’attractivité » pour les candidats mais qu’il faut toutefois nuancer : « Le télétravail ne peut s’appliquer qu’à des collaborateurs que l’on connait déjà pour avoir travaillé avec eux sur site, qui ont fait preuve d’autonomie dans leurs missions et qui ont bien intégré la notion de reporting »
C’est également une thématique d’avenir pour EBP qui envisage de le développer dans les prochaines années.
Tous se rejoignent quand même sur un constat : ce sont avant tout les projets que l’on confie aux développeurs qui vont les faire rester dans la société !
Que peuvent faire les pouvoirs publics ?
Une déclaration récente de John Chambers, Président Exécutif du Conseil d’Administration de Cisco Systems, a fait grand bruit dans l’univers du high tech. Celui-ci déclarait qu’il avait l’impression de voir en France la Silicon Valley et annonçait son intention de débloquer une enveloppe de 200 Millions de dollars pour soutenir l’écosystème des start-ups françaises.
Bien que les pouvoirs publics français commencent à comprendre les enjeux de la transformation digitale en termes d’image ou en tant que secteur créateur d’emploi, il manque une certaine dynamique que l’on retrouve à l’étranger, notamment en Amérique du Nord, qui devient par conséquent beaucoup plus attractive pour les développeurs.
« Les jeunes diplômés ont déjà l’idée de partir travailler à l’étranger avant même de rechercher un premier emploi en France. C’est bien la preuve que notre Pays manque d’attractivité et qu’il est nécessaire de se livrer à un gros travail d’image », constate Pierre Chaussée.
La France manque de mesures fortes pour redorer le blason de ces entreprises, les rendre attractives pour les candidats et surtout les garder sur notre territoire.
« Il existe des aides mais qui sont surtout destinées à lancer des projets. » note Marc-Antoine Poisson. « Lorsqu’il s’agit de pérenniser une activité, il est beaucoup plus compliqué de se faire aider à moins de s’engager dans des procédures administratives lourdes. »
C’est le constat que partage Pierre Chaussée pour qui « il serait nécessaire de mettre en place plus de mesures pratiques et directes. On rendrait ainsi le milieu de l’informatique en France beaucoup plus séduisant d’une manière générale.»
A l’inverse, on trouve à l’étranger un cadre propice au développement des sociétés, porté par une véritable dynamique. C’est par exemple le cas du Canada que beaucoup considèrent comme l’Eldorado pour les entrepreneurs et qui a mis en place dès 2013, le Visa pour démarrage d’entreprise afin d’attirer les entrepreneurs immigrants des secteurs technologiques. Le Chili va encore plus loin en proposant, en plus d’un visa d’un an, 6 mois d’accompagnement et une bourse de 40 000 dollars.
Que ce soit chez EBP ou chez FWA, on pense la même chose : la France compte des entreprises au potentiel élevé, mais passé un certain cap, a beaucoup de difficultés à les garder !
À propos
A propos d’EBP
Depuis sa création, en 1984, EBP s’est imposée sur le marché des logiciels de gestion. Elle a développé des outils de gestion informatique destinés aux PME, aux artisans, aux commerçants et aux professions libérales. En 2014, l’entreprise compte 380 collaborateurs en Europe dont plus de 150 développeurs et techniciens. Elle distribue des logiciels de Comptabilité, Gestion Commerciale, Paye et CRM en France, en Espagne, en Belgique et en Suisse. 560 000 clients font confiance à EBP au quotidien !
A Propos de FWA
Créée en 2005 par Dimitri ASHIKHMIN et Pierre CHAUSSEE, FWA est une entreprise de services numériques (ESN) dont les « développeurs d’idées » trouvent les solutions les plus efficaces, rapides et adaptées aux besoins de leurs clients et s’en inspirent pour éditer leurs propres solutions de gestion. La société a aujourd’hui conquis des références comme Bolloré Africa Logistics, Médecins Sans Frontières et Erdf et absorbe une croissance annuelle moyenne de 28% depuis 2010
Une forte implication dans l’amélioration de la productivité et des programmes de R&D éligibles au CIR en fait un acteur majeur de la dématérialisation.
Jeune Entreprise Innovante en 2006, Entreprise Innovante en 2009, FWA intègre le programme PM’UP en 2014.