En entreprise, peut-être davantage que dans tout autre milieu, la drogue est un sujet particulièrement sensible. Un simple coup d’œil aux statistiques sur la drogue au travail permet de conclure que dans la plupart des organisations de grande taille, il y a au moins une ou deux personnes qui trafiquent ou qui abusent de substances illégales. Identifier ces personnes et leur proposer de l’aide : en seriez-vous capable ?
Qu’il s’agisse de médicaments obtenus sur ordonnance ou de substances illégales, l’abus de drogues est un problème majeur dans la plupart des pays industrialisés. Aux États-Unis, par exemple, 6 millions d’Américains utilisent des médicaments prescrits sur ordonnance de manière illégale chaque mois. Les trois substances principales concernées sont les opioïdes, les sédatifs et les stimulants. Comment détecter si un collaborateur utilise l’une ou l’autre de ces substances de manière abusive ?
Des absences répétées et excessives
Selon les statistiques, les personnes qui abusent de drogues manquent jusqu’à 10 jours de travail supplémentaire par rapport aux autres employés, en moyenne. À ce titre, si l’un ou l’autre collègue est absent de manière répétée, à raison de plusieurs jours consécutifs chaque mois, cela devrait éveiller vos soupçons. En effet, l’abus de substances illégales est un facteur d’absentéisme au travail. Bien entendu, cela ne signifie pas obligatoirement qui sont des dealers invétérés, dignes d’un épisode de Breaking Bad, mais néanmoins quelque chose n’est pas tout à fait normal…
Drogue au travail : une productivité basse
L’un des principaux prix payés par ceux et celles qui abusent de drogues est un manque de productivité sur le lieu de travail. Selon une étude menée sur le sujet, l’abus de drogues coûterait plusieurs millions d’euros chaque année. Plus de la moitié de cette perte est directement liée à la baisse de productivité au travail.
La productivité est donc l’un des indicateurs à prendre en ligne de compte en matière d’addiction à une forme ou une autre de substances illégales.
Des coûts de santé exceptionnellement élevés
Un collaborateur faisant un usage abusif de drogues génère des coûts de santé qui vont jusqu’à trois fois le montant d’un salarié lambda. Alors qu’il s’avère très délicat d’aller chercher jusqu’au fond des dossiers santé des collaborateurs d’une entreprise sans leur permission, il faut néanmoins prendre ce facteur en ligne de compte.
Drogue au travail : une attitude à risque
L’abus de drogues impacte directement sur l’état d’esprit des personnes concernées. S’ils sont sous l’effet de la drogue, leurs fonctions cognitives sont généralement impactées d’une manière ou d’une autre. S’ils sont entre deux prises, ils peuvent être en état de manque, se montrer irritables et/ou anxieux.
Généralement, un collaborateur qui prend de la drogue présente des signes extérieurs par le biais, notamment, d’une attitude à risque. Parfois, cette attitude paraît innocente tandis que, dans d’autres occasions, elle peut être dangereuse pour l’employé lui-même ou l’entreprise en général. Il est également évident que les écarts de comportement d’un collaborateur accros à la drogue peuvent avoir une incidence sur la qualité de vie au travail (devenue QVCT)
L’inquiétude des autres salariés
Les bruits de couloir, s’ils ne sont pas toujours bons à écouter, peuvent être des indicateurs par rapport à l’état de santé ou à l’état mental de quelqu’un. Les collègues de travail en connaissent souvent bien plus long sur une personne que les RH ou son supérieur hiérarchique direct. S’ils émettent des doutes ou des inquiétudes, ils doivent être entendus. Bien sûr, leurs arguments doivent être pris avec une pincée de sel mais ne doivent en aucun cas être ignorés totalement.
L’abus de drogue n’est pas un sujet que l’on peut facilement aborder dans le monde du travail, notamment parce qu’il nécessite certaines connaissances qui vont au-delà de la gestion de ressources humaines. Inviter un collaborateur à un entretien pour connaître la vérité est probablement une démarche maladroite qu’il vaut mieux éviter s’il est effectivement situation de difficulté. À ce titre, il est préférable de faire appel à une personne habilitée à traiter ce genre de sujet, tel un psychologue d’entreprise par exemple.
Marilyn GUILLAUME