Si l’on en croit les événements de l’année 2017, il ne fait pas bon être DRH ces temps-ci. Entre un film qui fait bondir dans les bureaux des ressources humaines et des manifestants envahissant les rues de la capitale contre des directions des ressources humaines, serions-nous entrés dans une ère du Maccarthysme RH à la française ?
Les DRH (enfin) dévoilés au grand jour
Jusqu’à présent restés en coulisses, chefs d’orchestre cachés dans l’ombre – mais chefs d’orchestre tout de même –, les RH en ont eu pour leur compte, cette année. Tour à tour, c’est dans la rue et sur les grands écrans que les ressources humaines ont vu dévoilé leur côté sombre au grand jour :
- En avril, avec la sortie du film « Corporate » de Nicolas Silhol, dans lequel la fonction DRH est largement décriée, personnifiée par Céline Sallette (Emilie Tesson-Hansen), responsable des ressources humaines dans un groupe alimentaire international, dont la vie bascule suite au suicide d’un employé de son service après qu’elle ait refusé moult demandes d’entretiens.
- En octobre, à Paris, lors d’une manifestation non-autorisée contre des directions de ressources humaines et contester la loi travail du gouvernement d’Edouard Philippe. Bilan : 40 personnes interpelées et plusieurs voitures brûlées
Au cinéma comme dans la réalité, les RH passent pour des êtres sans âme, des mercenaires prêts à tout pour le bien de leur entreprise, quitte à briser des vies. Des manipulateurs capables d’agir tels des pervers narcissiques, sans jamais exploser au grand jour, en suggérant sans rien dire comme Emilie Tesson-Hansen, en montrant une tête froide tels des joueurs de poker. Et tout va bien dans le meilleur des mondes jusqu’au jour où tout bascule. Dans le film de Nicolas Silhol, l’apogée est atteint lorsqu’un salarié décide de mettre fin à ses jours. Des événements qui relèvent de la fiction, dans un long-métrage bien documenté, qui ne sont pas sans rappeler les suicides à France Télécom et, plus récemment, chez Eiffage ou encore Lidl.
DRH : pourquoi tant de haine ?
Entre syndicalistes, fiction et chemises déchirées, il ne fait pas bon être DRH de nos jours. Pris pour cible, les DRH méritent-ils le traitement qu’on leur inflige ? Peut-être.
Vus par une partie des salariés comme des êtres incompétents, peu honnêtes, prêts à tout pour plaire à la direction, peu objectifs et trop impliqués dans la politique de l’entreprise, les RH essuient les critiques et les représailles tout en œuvrant pour « développer le plaisir au travail », en « renforçant l’engagement des salariés », en promouvant « l’innovation permanente », en faisant en sorte que « chacun soit acteur de la réussite de l’entreprise » et autres expressions dont les RH ont le secret.
Il semblerait que l’âge d’or des années 1975 – 1995 est bel et bien révolu pour la fonction ressources humaines qui fait face aux difficultés liées aux mutations du travail, à la conjoncture et aux nouvelles valeurs des salariés que l’on ne gère plus comme avant. Un désamour qu’il est peut-être temps de considérer attentivement pour enfin prendre le taureau par les cornes et redonner aux ressources humaines la véritable valeur ajoutée dont elles ont besoin pour exister dans l’entreprise…
Marilyn Guillaume