Lancé en mars 2013, le contrat de génération se voulait être l’un des dispositifs majeurs pour la relance de l’emploi des jeunes et des séniors avec un objectif de 500 000 embauches en 5 ans. Aujourd’hui, 2 ans après sa mise en place, seuls 33 000 contrats de ce type ont été signés. Alors que le gouvernement tablait sur 75 000 contrats dès l’année 2013, il revoit aujourd’hui ses objectifs en visant 40 000 contrats pour l’année 2015.
« Associer les âges et non les opposer » tel était le leitmotiv de François Hollande, en lançant en mars 2013, le contrat de génération. L’idée : jouer la carte de la transmission de connaissances et de compétences, en maintenant des séniors de plus de 57 ans dans l’emploi tout en embauchant en CDI des jeunes de moins de 26 ans. Un concept que l’on pouvait alors juger cohérent, en phase avec l’anticipation des départs et des arrivés sur le marché de l’emploi estimés de 2013 à 2020 à 700 000 arrivés par an pour 600 000 départs chaque année. Et pourtant, même si pour motiver les troupes le dispositif mis en place octroyait aux entreprises de moins de 300 salariés, 4000 euros par an, pendant trois ans, les chiffres parlent d’eux même. En 2013, seuls 16 705 contrats ont été signés sur 19 824 demandes ; en 2014, sur 19 300 demandes, 16 300 contrats étaient actés, soit seulement 33 000 contrats en deux ans, selon les données transmises et publiées par le ministère du Travail fin mars.
Le gouvernement ne cesse de revoir sa copie…
Aide économique insuffisante, période non prompte à l’embauche pour les entreprises concernées, la signature d’un contrat de génération est surtout à ce jour le fruit d’un concours de circonstances plutôt qu’un véritable tremplin pour intégrer la vie active. Pour preuve selon la DARES, seul un jeune sur cinq recruté sous la forme d’un contrat de génération est en recherche d’emploi au moment de son embauche. Pour les autres, déjà dans l’entreprise, la signature d’un contrat de génération vise avant tout à transformer l’essai, après un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation. Bien entendu, le gouvernement tente de revoir sa copie et d’interagir avec la réalité du marché de l’emploi pour donner du souffle à son contrat de génération. Aussi, s’il est désormais possible depuis janvier 2014, de faire signer un jeune en CDI d’apprentissage – comprenant la même période d’apprentissage que par le passé, suivi de la signature d’un CDI – l’aide financière au titre du contrat de génération s’applique. Seule condition : que ce contrat soit associé au maintien dans l’emploi ou à l’embauche d’un senior et que le jeune apprenti soit âgé de moins de 26 ans à l’expiration de sa période de formation. Autre dispositif, datant de septembre 2014, l’opportunité pour une entreprise qui recrute un salarié de plus de 55 ans, en même temps qu’un jeune de moins de 26 ans de bénéficier d’une aide de 8000 euros.
Le secteur du commerce en tête de gondole sur le contrat de génération
Mais quels sont donc, à ce jour, les domaines d’activités qui utilisent ce type de contrat ? Selon la DARES, en 2013, les secteurs ayant fait les beaux jours du contrat de génération sont le commerce (21,2 %), l’industrie (20,1 %) et la construction (18 %). Du côté des recrutés, 40 % des signataires du contrat de génération sont diplômés de l’enseignement supérieur. Sur la totalité des jeunes ayant été embauchés sous cette forme, près d’un salarié sur deux répond au statut d’ouvrier (45 %) et un tiers à celui d’employé (33 %). Côté senior, il s’agit respectivement de la même situation pour 38 % et 26 % d’entre eux, même si ces tuteurs ou autres binômes sont essentiellement des cadres ou des personnes exerçant une profession intellectuelle. A noter, que 10 % des séniors qui signent un contrat de génération, sont les patrons de leur propre entreprise.
Gérald Dudouet