Quels sont les enjeux et projets prioritaires des DRH aujourd’hui ? Comment sont-ils perçus dans l’entreprise ? Quelles pistes pour l’avenir de la fonction RH ? Afin de répondre à ces questions, l’Observatoire Cegos vient de publier sa toute première radioscopie des DRH. Une étude réalisée en avril/mai dernier, auprès de 300 DRH et 1000 salariés d’entreprises françaises de plus de 150 salariés. Etat des lieux.
Premier enseignement de cette radioscopie : à la question « quelles sont les principales qualités d’un bon DRH ? », les réponses des professionnels des ressources humaines et celles des salariés diffèrent fortement. Les DRH mettent d’abord en avant la capacité de négociation (64 %) et la vision stratégique (60 %). Du côté des salariés, on privilégie des notions plus humaines comme le respect vis-à-vis des collaborateurs (64 %), l’aspect relationnel (56 %) et le sens de l’écoute (53 %). Des notions qu’ils ne retrouvent visiblement pas chez leur propre DRH, dont les principaux défauts sont selon eux la soumission envers la direction générale (48%), le manque de proximité (37 %) et une mauvaise prise en compte de l’humain (37 %).
Chiffre clé de cette radioscopie des DRH : 50 % des salariés sondés déclarent ne jamais voir leur directeur des ressources humaines. D’ailleurs, ils les visualisent avant tout comme des experts centrés sur leur business (35%) ou sur les aspects techniques de leurs fonctions (30%) alors qu’ils souhaiteraient pour 59 % d’entre eux qu’ils se préoccupent davantage de leurs conditions de travail. « A la vérité les DRH se sentent frustrés car ils voudraient, comme le réclament les salariés donner plus d’importance au « H » de leur intitulé » souligne Annick Cohen-Haegel, manager au pôle RH, Cegos. D’ailleurs, s’ils ont choisi ce métier c’est pour 32 % d’entre eux, avant tout pour les hommes, pour les aider à se développer et à monter en compétence. Au quotidien, leurs difficultés, pour être au plus près des salariés, résident dans les législations qui leurs sont imposées. « Leur temps de travail semble monopolisé par la mise en place des accords (senior, GPEC, handicap…) et est phagocyté par les "incendies" qu’ils doivent gérer et éteindre au jour le jour », détaille Annick Cohen-Haegel. Cependant, c’est lorsque l’humain est au cœur des enjeux qu’ils tirent le plus de satisfaction de leur travail. Ils adorent conseiller les managers sur la dimension RH (55%) et accompagner le volet humain et les projets de changement (41%).
74 % des DRH font de la qualité managériale leur priorité numéro 1
Interrogés avant l’élection présidentielle sur les priorités du nouveau gouvernement, les DRH souhaitent qu’il agisse avant tout pour simplifier le Code du travail (66%), pour réduire les contraintes sur le contrat de travail (40 %) et qu’il améliore les relations avec les instances représentatives du personnel (39 %). Cela leur permettrait de réduire le temps qu’ils consacrent à l’administratif pour travailler davantage sur les grandes priorités qu’ils ont identifiées : développer la qualité managériale (74%) et les compétences (50 %).
Parallèlement, les relations qu’entretiennent les DRH avec leur direction générale semblent bonnes : ils participent à 70 % d’entre eux aux comités de direction et déclarent, pour 79 %, ne pas hésiter à user de leur liberté de parole avec les dirigeants de leur entreprise. « Les DRH participe tout autant à la performance de l’entreprise que leurs collègues du comité de direction, mais souhaite aussi agir d’avantage sur l’humain. Il devrait ainsi réinvestir, peu à peu, le terrain. D’ailleurs, quelques DRH, à la pointe de ce mouvement, innovent sur ce sujet en élargissant le statut des responsables RH, pour leur donner une dimension de coach, ou en créant des postes RH spécialisés sur une population ou sur un métier. Ce sont des pistes sérieuses pour l’avenir qui devraient notablement améliorer les relations entre DRH est salariés » précise Annick Cohen-Haegel.
En attendant les DRH affirment subir constamment la pression (75 %) et confient, pour 59 % d’entre eux, ne pas réussir à se déconnecter, même quand ils rentrent chez eux, des situations qu’ils vivent au bureau.
Gérald Dudouet