Travailler seul mais partager et mutualiser. Telle pourrait être en quelques mots la définition du coworking. Nouveau mode d’organisation basé sur le partage d’espace et la mutualisation des ressources, il séduit de plus en plus les indépendants mais attire aussi les entreprises par la nouvelle vision du travail qu’il propose. Au programme : flexibilité, mobilité, économie… mais surtout interaction et innovation !
Le concept de coworking émerge à San Francisco en 2005 d’un souhait exprimé par des freelances et des entrepreneurs de rompre avec leur isolement. En France, c’est La Cantine, à Paris, toute première adresse estampillée « coworking » qui ouvre la voie en 2008 se positionnant comme « un troisième lieu entre bureau et maison ». Ce premier espace est rapidement suivi par d’autres, en région parisienne et en province.
A l’échelle internationale, le mouvement de coworking a pris encore plus d’ampleur ces deux dernières années. En 2012, on compterait désormais près de 900 espaces de ce type un peu partout dans le monde, principalement aux États-Unis et en Europe. Après un vrai boom en Allemagne, c’est surtout en Italie, en Espagne et en Belgique que de nombreux espaces devraient voir le jour ces prochains mois, soutenus parfois par d’importants programmes d’initiatives économiques – c’est le cas en Belgique wallonne avec Creative Wallonia qui accompagne tout particulièrement les centres de technologies favorisant le travail à distance.
Un espace partagé, vivier de professionnels
Concrètement, les espaces de coworking proposent, via le plus souvent un système de tickets, un espace partagé accessible à la demi-journée, la semaine, le mois ou plus, pour travailler, dialoguer, collaborer… bref, assouvir les besoins d'interaction et d’échange de connaissances. On y partage un bureau mais aussi des ressources (électricité, frais de lignes téléphoniques, réseau Internet, salles de réunion, visioconférence…) ou différents services (formations, assistance informatique, gestion du courrier, cafétéria…). Et surtout, on peut y mener des projets communs. De ce fait, ces endroits intéressent les entreprises – de plus en plus en recherche de freelances – qui y voient un vivier de professionnels aguerris au travail en réseau et aux problématiques de veille technologique.
Mais, le coworking s'impose aussi comme un nouveau cadre innovant en termes de flexibilité et d’organisation. Il répondrait ainsi aux attentes d’une génération d’actifs qui chercherait de nouvelles formes de travail. Ainsi, selon une étude du cabinet d’audit Deloitte réalisée auprès d’un panel d’étudiants de grandes écoles et d’universités, 96% des futurs diplômés interrogés aimeraient bénéficier d’une flexibilité entreprise/domicile en termes de lieu de travail. Ils seraient 65 % à vouloir exercer leur profession en nomade.
Pour les indépendants mais pas seulement
A Lille, Pierre Trendel a inauguré « sa communauté de travail » CoworkingLille en 2010. Un espace ouvert de 90 m2 qui accueille « toute personne cherchant à développer son réseau, rencontrer de nouveaux collaborateurs, échanger sur ses pratiques et développer ses projets professionnels, personnels ou associatifs ». Un an plus tard, sa structure rassemble déjà une soixantaine de coworkers, « beaucoup de professionnels du Web, des graphistes, des développeurs, des journalistes, explique-t-il, mais aussi des architectes, des créateurs d’entreprise ou des entrepreneurs qui travaillent à l’étranger et qui viennent ici quand ils ont des rendez-vous clients en France… ».
Si CoworkingLille accueille principalement des indépendants, son créateur est aussi persuadé de l’intérêt pour les entreprises à faire travailler leurs salariés dans ce type d’espace : « Ici, on peut répondre aux problématiques des entreprises qui déménagent et mettent leurs salariés en télétravail. Ils se retrouvent, quelques heures ou plusieurs jours par semaine, dans un espace professionnel et sont moins isolés qu’à la maison. La rupture avec la vie professionnelle d’avant est moins brutale ! »
Et, à ceux qui craignent que le travail dans ces communautés engendre des problèmes de confidentialité et d’efficacité – ce sont les réticences les plus exprimées par les grandes entreprises –, Pierre Trendel affirme le contraire, tant il parie sur l’échange et la multidisciplinarité comme vecteur d’initiative personnelle, de créativité et d’engagement. Sur cet aspect, il se dit d’ailleurs de plus en plus contacté par des sociétés en recherche de profils bien spécifiques. Il s’interroge même aujourd’hui sur un nouveau modèle pour travailler plus efficacement avec celles-ci et répondre avec pertinence à leurs besoins.
Audrey CAUDRON VAILLANT