Acceptabilité de la sécurité électronique en entreprise : un regard RH ne ferait pas de mal !
Un système de contrôle des accès aux locaux est souvent le premier point de contact du salarié avec son employeur. Son premier rôle est sécuritaire bien entendu. Mais il doit aussi être en cohérence avec les contraintes sociales et l’organisation du travail dans l’entreprise. Avant tout, la solution doit être acceptée par les collaborateurs. Un sujet où les RH ont leur mot à dire.
Contrôle d’accès & vidéosurveillance : un angle RH évident
Nous l’avons vu dans un précédent article : la fonction RH gagnerait à plus s’impliquer dans les projets de sûreté-sécurité. Ce sujet, souvent dévolu aux purs techniciens a pourtant des implications sur la vie quotidienne des collaborateurs et sur l’image qu’ils se font de l’entreprise. Deux facteurs peuvent vite être perçus par les salariés : les contraintes d’utilisation au quotidien et un manque d’alignement sur les pratiques RH.
Contrôle d’accès : un changement de paradigme
Elle est bien révolue l’époque où syndicats et salariés voyaient d’un mauvais œil l’installation d’un système de contrôle des accès ou de caméras de vidéosurveillance. Le climat d’insécurité ambiante touche aussi le monde de l’entreprise. Il a contribué à changer la perception des outils de sûreté-sécurité. Aujourd’hui plus grand monde n’est choqué par la présence de lecteurs de badges ou caméras dans les locaux professionnels et même au contraire.
Attention aux contraintes dans la vie de tous les jours
Le plus souvent, les salariés acceptent de bon gré les contraintes occasionnés par le contrôle d’accès : badger pour accéder au parking, pour entrer dans le bâtiment, pour prendre l’ascenseur ou encore entrer dans leur bureau ou leur zone de travail. Ils tolèrent aussi beaucoup mieux qu’il y a 20 ans la présence des caméras de vidéosurveillance ou d’alarmes de détection. Mais jusqu’à un certain point quand même !
« Je ne peux plus faire 3 mètres sans badger » est une réflexion qu’on entend parfois suite à la mise en place d’un outil de contrôle des accès.
La conception des systèmes de contrôle d’accès ou de vidéosurveillance doit tenir compte objectivement des risques à couvrir. Ce qui suppose que ceux-ci aient été cartographiés et mesurés avec rigueur :
- nombre d’incidents ;
- gravité réelle ou potentielle ;
- risque de survenance ;
- coûts humain et financier.
Ce n’est pas toujours le cas et, à défaut d’étude des risques, la conception du système de sûreté-sécurité n’est pas toujours rationnelle, encore plus quand elle est faite à chaud après un incident grave (un cambriolage, une agression, une dégradation…). Le déploiement du contrôle d’accès peut aboutir à une augmentation forte des contraintes de déplacement dans les locaux pour les collaborateurs. Ils peuvent vite être irrités, encore plus s’ils ne perçoivent pas la justification de ces équipements.
De même, la présence de caméras ne choquera pas si elles sont situées dans des zones où le risque est perceptible ou connu.
A contrario, si elles sont installées dans des endroits sûrs ou – encore pire – braquées sans justification apparente sur des personnes, l’acceptabilité sera impactée.
C’est là où les RH ont un rôle à jouer en phase projet en complément des équipes HSE-RSE qui sont assez souvent associées à la réflexion. Il ne s’agit pas de s’opposer au déploiement de tels outils. Mais simplement de s’assurer que l’impact sur les salariés a bien été pris en compte et qu’il est réellement justifié partout. A contrario, si d’autres locaux ne sont pas équipés alors que les collaborateurs perçoivent ou connaissent un risque non pris en compte par l’équipe projet, il est probable que cela n’aidera pas à la crédibilité du système.
L’alignement de la sécurité sur les pratiques RH : pas toujours une réalité
C’est un deuxième écueil qui peut nuire à l’acceptabilité du système de contrôle d’accès : une trop grande rigidité par rapport à l’organisation du travail dans l’entreprise. Si celle-ci souhaite jouer la carte de la flexibilité, avec de la souplesse dans les jours ou horaires de travail, elle risque de vite se heurter au fonctionnement du système de contrôle d’accès.
Que dire à un salarié qui vient exceptionnellement travailler à 6h00 du matin et qui ne peut accéder aux locaux, tout simplement parce que son profil ou les plages d’ouverture du système de contrôle d’accès ne prévoient pas ce cas de figure ? Que dire à un cadre qui termine un dossier urgent à 22h00 et part des locaux en déclenchant le système d’alarme ? Alors que ces pratiques peuvent être admises par une DRH souhaitant accorder une large autonomie aux collaborateurs.
De son côté, le service sécurité peut très bien dire qu’une présence à ces heures présente un risque pour la sûreté de l’entreprise ou de la personne et paramétrer l’outil pour interdire ces pratiques. Dans ces situations, chaque camp peut considérer l’autre comme « hors sol ». Pas d’autre issue pour le service RH que de « négocier » avec la sécurité de son entreprise pour définir ce qui est fonctionnement courant, pratiques exceptionnelles mais tolérées, et situations qui demandent un arbitrage.
Mais dans tous les cas, il est judicieux de faire coïncider les pratiques au sens RH et le fonctionnement de l’outil de sécurité.