On parle beaucoup du problème d’embauche des seniors mais on agit peu. Les lois mises en oeuvre ne présentent pas réellement ou pas encore d’applications concrètes. Le taux de chômage des seniors reste en France supérieur à la moyenne européenne. Ceux-ci présentent, pourtant, de nombreux avantages à l’embauche, notamment pour les PME qui ont peu de temps à perdre dans leur recrutement.
My RH Line a rencontré François Humbert, Directeur et Fondateur de Cadres Seniors Consulting et auteur de l’ouvrage « Le retour des Quinquas, retrouver du travail après 50 ans », qui nous éclaire sur l’embauche des seniors.
Les perspectives démographiques vont très rapidement impacter le marché du travail et plus concrètement la gestion du personnel dans les entreprises.
Les départs en retraite des nombreux « baby-boomers » vont nécessiter de recruter massivement afin de les remplacer. Ces recrutements vont entrainer un rajeunissement accéléré du personnel nécessitant un transfert de compétences et leur intégration.
« Les papy boomers ne pourront pas être remplacés », explique François Humbert. « Le ratio est de 1 pour 10. Il y a un choc démographique. Le baby-boom qui va devenir très prochainement le papy-boom reste encore non géré. Nous avons besoin pendant 10 ou 15 ans de ces seniors qui ont aujourd’hui 55 ans pour palier cette défaillance et pouvoir aider les jeunes qui vont prendre la relève. C’est un transfert des compétences nécessaire, faute de quoi, beaucoup d’entreprises disparaitront par manque de relève. Je ne sais pas comment vont faire les entreprises car on ne replace pas quelqu’un qui à 30 ans d’expérience par un jeune de 35 ans. »
Les seniors un atout pour les PME
Tout d’abord, les seniors s’adaptent très bien dans les PME car « ils peuvent arriver avec leurs idées et leurs modèles et les appliquer. Dans un groupe, très souvent, il faut rentrer dans un modèle. Aujourd’hui les groupes embauchent des jeunes pour les former à ce modèle.
A 55 ans, les seniors n’ont pas envie de revenir à des situations antérieures et de se remodeler.
Dans une PME, si vous êtes efficace et apportez des solutions, cela convient au PDG. En une ou deux semaines, ils produisent, sont efficaces » explique François Humbert.
Par ailleurs, un senior, du fait de son expérience, est opérationnel tout de suite et cela représente un gain de temps considérable pour une entreprise, mais également un gain financier.
« Je dis, également, toujours que les seniors sont moins chers que les juniors. Les gens généralement ouvrent de grands yeux. Un senior aujourd’hui coûte, certes, plus cher au départ, mais est opérationnel au bout de 15 jours et va rester 10 ans dans l’entreprise. Ce qui n’est pas le cas d’un junior, qui sera carriériste et souhaitera changer d’entreprise au bout de deux ans. ».
Par ailleurs, le Junior devra être intégré dans l’entreprise, « cela prend en général 6 mois », précise François Humbert. « Il devra être coaché, managé avant d’être opérationnel et autonome et cela a un coût. Mais les entreprises ne calculent pas ce coût caché en général. Si le junior change d’entreprise, il va falloir le remplacer et se lancer dans nouveau dans un processus d’embauche et cela a un coût encore une fois. Quand vous faites le bilan au bout de trois ans, vous vous rendez compte que le junior coûte plus cher. Il faut raisonner non plus à l’instant T mais à 3 ou 5 ans. Certains clients m’appellent car ils n’arrivent pas à stabiliser les juniors et décident de prendre d’autres directions en recrutant, par exemple un ou deux seniors pour stabiliser des équipes et en embauchant des jeunes en parallèle. Cela est une bonne démarche car les seniors sont les piliers de l’entreprise. »
Pour finir, les contraintes personnelles et familles des seniors étant réduites, ceux-ci sont beaucoup plus mobiles et souvent plus motivés par l’intérêt du poste et de l’entreprise.
Alors pourquoi ne pas anticiper, en embauchant dès aujourd’hui des Seniors, qui présentent, en plus de leur expérience, de nombreux avantages, notamment pour les PME qui sont plus sensibles aux seniors que les grands groupes ?
Anne-Sophie Duguay